Firewatch

Y a pas l’feu

Pour commencer

Le concept de walking simulator m’était assez inconnu avant de jouer à Firewatch, et pouvait me paraître ennuyeux. Faut dire que le nom même de ce sous-genre du jeu d’aventure ne fait pas forcément rêver. Pourtant, Firewatch donne une promesse qui m’intéresse beaucoup plus, celle d’une véritable histoire narrative. On part donc pour une balade en forêt.

Indé Jeu narratif JuanPatatos Linux Mac PC PS4 PS5 Switch Walking simulator Xbox One Xbox Series

Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

NTM – Qu’est ce qu’on attend. Si vous n’aimez pas le rap, Allumez le feu marche aussi.

On boit quoi ?

Un bourbon, type Jim Beam.

On mange quoi ?

Une conserve de beans avec de la viande séchée.

Alors, ça dit quoi ?

La scène d’intro de Firewatch nous place face à une série de textes, qui commence par nous raconter la rencontre du protagoniste Henry, trentenaire porté sur la picole, avec Julia, jeune prof en biologie. C’est le coup de foudre, et les deux américains se mettent rapidement en couple. On suivra ensuite l’évolution de leur vie commune sur une dizaine d’années, à travers leurs envies de mariage, de fonder une famille, leurs petits problèmes du quotidien, etc. Le point de bascule arrive avec la maladie de Julia, une forme de démence prématurée, qui va mettre à mal le couple et obliger la femme à quitter le foyer pour être soignée. Henry, dont on comprend vite qu’il a été dépassé par la situation et qu’il n’a pas fait le maximum pour aider son épouse, accepte un job de garde forestier dans le Wyoming. Cette intro s’arrête quand notre héros arrive dans sa grande tour de garde perdue au milieu des bois, et qu’il fait la rencontre de Delilah, sa boss, avec qui il échange par radio avant d’aller se coucher pour se préparer à son premier jour de boulot. On note que cette phase de textes nous demande de choisir les réponses données par notre personnage. Bien que ça ne change pas grand-chose à la finalité de la scène, ça permet de vite nous identifier à Henry. Toute cette séquence est également entrecoupée de petits passages de gameplay en forêt, pour voir notre protagoniste se rendre sur son nouveau lieu de travail et appréhender les contrôles du jeu. Niveau immersion, c’est vraiment top.

Firewatch
L’intro est très bien faite pour vous mettre en phase avec Henry

Le gameplay de Firewatch est simpliste. Henry peut marcher ou courir, escalader ou descendre des surfaces bien définies, saisir des objets et les utiliser dans des situations bien précises. La tâche principale de notre héros est de prévenir les incendies. Dans ce sens, Delilah nous enverra en mission à différents endroits du parc, notamment pour y dénicher des fauteurs de troubles qui ne respectent pas les règles de sécurité locales. On aura souvent juste à trouver l’endroit qui nous est indiqué, ou à dénicher un objet ou autre dans cette zone.

Firewatch
Notre tour de garde est pleine d’objets inutiles mais qui donne de la crédibilité au lieu

Notre terrain de jeu n’est pas immense, mais suffisamment pour donner l’impression d’être dans un vrai parc naturel. On se déplace par des sentiers pas toujours faciles à trouver, beaucoup de passages sont inaccessibles à cause des arbres, les environnements se ressemblent souvent et il est facile de se paumer. Pour se repérer, on aura juste une boussole et notre carte, il n’y pas d’interface pour nous aider. Tout ceci nous force à faire un effort de spatialisation, et c’est très agréable. La map est conçue comme un petit monde ouvert dans lequel on peut se balader assez librement et où l’on peut découvrir des petits secrets. Votre exploration ne sera bloquée qu’à certains endroits qui demandent du matériel qu’on récupérera au cours de la partie. On note que les objectifs sont parfois vagues sur leur localisation, que des boites contenant du stuff ou du lore sont indiquées sur la carte, et ceci nous pousse à la curiosité et à l’autonomie. Ça donne une progression pas trop dirigiste, surtout pour ce type de jeux.

Firewatch
La carte et la boussole, vos meilleures alliées

Mais le grand intérêt de Firewatch se trouve évidemment dans sa narration. Vous allez constamment être en lien avec Delilah, et tout sera prétexte pour discuter avec elle sur votre talkie-walkie. Comme dans l’intro, vous serez directement impliqué dans ces discussions en choisissant les réponses de votre héros. Les deux personnages vont apprendre à se connaître et, selon vos choix, se rapprocheront, partageront leurs secrets, ou pourront entrer en conflit par moments. On suivra ainsi les pensées de deux personnes coupées du monde, qui vivent avec leurs démons, et notamment Henri qui porte une certaine culpabilité par rapport à sa femme. Les dialogues sont nombreux, très bien écrits, extrêmement bien doublés, et on plonge dans l’intimité de nos protagonistes sans problèmes. Assez rapidement, un élément perturbateur va faire chavirer l’aventure et la fin du jeu ressemble vraiment à un thriller. C’est très prenant, on se surprend presque à avoir peur par moments, et les questions vont se bousculer dans notre tête. Mais… il y a un gros point noir, dont je parlerai dans le dernier paragraphe.

Firewatch
La complicité entre Henry de Delilah est un délice

Un mot rapide sur l’esthétique du jeu. Bah c’est très beau, les paysages du parc sont super bien rendus, on se sent vraiment au cœur d’une forêt inconnue, que l’on aura hâte de découvrir. Les effets de lumière sont réussis, et j’aime beaucoup les phases de gameplay nocturne ou celles qui se déroulent au crépuscule. Les éléments plus petits sont aussi très bien réalisés, et on appréciera pouvoir observer sous toutes les coutures les nombreux objets que l’on va trouver. Pas grand-chose à dire sur le sound design, très correct, et sur l’OST, qui est très en retrait pour mieux nous laisser vivre notre rencontre avec la nature. Elle contient tout de même de bons morceaux à la guitare sèche, qui rendent hommage aux scènes contemplatives que l’on va vivre, aux passages plus stressants, et à cette Amérique sauvage que l’on découvre.

Firewatch
Les environnements se ressemblent beaucoup, mais certaines zones de la map sont bien identifiables

Pour finir, le vrai gros bémol du jeu, qui est la critique la plus courante qui revient sur Steam et autres espaces de notation. Sans spoiler, la fin est assez décevante. Le jeu commence comme une plongée dans la pensée trouble d’un homme qui fuit ses responsabilités et essaye de se ressourcer à travers ce boulot estival. La rencontre de Delilah va forcément le bousculer et le questionner par rapport à son couple. On s’attend à suivre cette histoire entièrement, mais, comme dit plus haut, le jeu nous amène une deuxième intrigue stressante, à base de mystères et de complot, qui débouche en thriller. Personnellement, je trouve que l’aboutissement de cette enquête est très moyen, que ça manque d’enjeu, qu’il y a des facilités scénaristiques, que les infos que l’on nous donne sont très floues pour créer du suspense gratuitement et masquer une écriture pas à la hauteur. Mais surtout, cette deuxième intrigue empiète complètement sur l’histoire principale, celle que l’on nous vend dans l’intro. Les sujets de la culpabilité, de la reconstruction personnelle, de la solitude, de l’adultère passent complètement au second degré, et ne seront jamais traité entièrement. Très dommage.

Can you geek it ?

Yes, no, maybe, I don't know ...

En conclusion, Firewatch est frustrant. On va adorer s’approprier ce grand parc naturel grâce à un gameplay et une interface minimaliste, qui permettent respectivement une prise en main agréable et le besoin de faire un effort de réflexion pour se repérer. Le duo de personnages principaux est très attachant, les dialogues sont soignés et la proposition initiale est intéressante. Malheureusement, la seconde intrigue, qui a le mérite de nous faire vivre des moments intenses, prend le pas sur l’histoire principale et aucune des deux ne se conclura de manière satisfaisante. Je ne peux donc pas recommander Firewatch les yeux fermés. J’ai passé un bon moment, mais je trouve que le jeu se trahit en cours de route, et que c’est un peu bête.

Le par JuanPatatos

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