Outer Wilds

Outer Wilds est un jeu d’aventure qui se déroule sur fond de science-fiction. On incarne un astronaute issu d’un peuple alien qui a développé depuis quelque temps un programme spatial pour explorer son système solaire. Nous ne sommes pas envoyés dans l’espace avec un objectif vraiment défini, hormis tenter de découvrir de nouvelles traces des Nomaï, une civilisation qui a vécu dans notre système solaire il y a très longtemps et qui possédait une technologie avancée. On essaiera de comprendre leurs origines, l’impact qu’ils ont eu sur notre environnement et la raison de leur disparition. Après un tour dans notre village natal, qui sert de tuto très intuitif et immersif, on récupère un traducteur pour déchiffrer les écrits Nomaï et on peut embarquer pour notre grande balade spatiale.

À partir du moment où l’on rentre dans notre fusée et qu’on décolle de notre monde, on est parfaitement libre d’explorer le système solaire (composé de 6 planètes, 3 satellites et quelques surprises) comme on le souhaite. Outer Wilds propose clairement un petit monde ouvert, à la manière d’un Subnautica. De la même manière, l’interface est très légère, il n’y a pas réellement de carte, et se repérer demande un vrai effort intellectuel. Cette liberté est totalement grisante et assez déconcertante. Chaque joueur choisira de faire les choses d’en l’ordre qu’il veut, selon sa propre logique. Le jeu nous aide à peine, ne nous donnant que quelques indications en tout début d’aventure. Les planètes ne sont pas immenses en soit, mais cachent de nombreux secrets, notamment grâce à un level design malin qui vous oblige à pousser votre exploration en profondeur. Concrètement, on recherche des traces écrites des Nomaï, que l’on découvre au cœur de ruines, dans des installations scientifiques impressionnantes ou encore en plein air. Ces informations que l’on déchiffre, et qui prennent toujours la forme de monologues ou de dialogues entre certains Nomaï, nous apportent de nouvelles données qui s’ajoutent à un grand tableau de bord. A la manière d’une enquête de police, il faudra éclaircir toutes les zones d’ombre pour répondre aux très nombreuses questions qui vont se poser, et espérer finir le jeu. Dans ce sens, Outer Wilds est une sorte de puzzle géant.

Seule une contrainte de taille vient bouleverser notre exploration libre : au bout de 22 minutes de jeu, le soleil explose et pulvérise le système solaire. Rien que ça. On se retrouve de nouveau sur notre planète natale, avec nos souvenirs et avancements sauvegardés, et l’on repart pour une nouvelle boucle. On est ainsi obligés de choisir ce que l’on va prioriser à chaque nouveau départ, car ces 22 minutes ne nous permettent pas de tout faire. Mais surtout, le système solaire fait sa vie au cours de ce laps de temps. Que ce soit pour visiter une planète qui se fait démolir petit à petit à cause de son satellite volcanique, ou une autre qui se retrouve ensevelie par le sable déversé par sa jumelle, le temps est à prendre en compte autant que l’espace dans votre exploration. Vous ne pourrez accéder à certains endroits qu’à un certain moment précis, ne plus pouvoir visiter un lieu après 10 minutes de jeu dans la boucle, etc. Seules votre curiosité, votre réflexion et votre abnégation vous permettront de comprendre toute cette logique. Étonnamment, l’avancée dans le jeu se fait de manière assez intuitive alors que l’on pourrait être complètement paumés. La plupart de nos découvertes nous amènent vers un nouvel objectif. On se régale à découvrir de nouveaux lieux, à comprendre comment fonctionne cet univers et à progresser dans l’aventure. Je ne me suis jamais autant senti dans la peau d’un explorateur en train de percer un immense secret.

Au-delà de l’exploration, le jeu propose plusieurs énigmes environnementales, en vous demandant de découvrir un endroit précis, de trouver l’accès à un lieu protégé par des obstacles mortels, ou encore de répondre à des problèmes quantiques complexes. Pour les résoudre, la logique sera votre meilleure alliée, ainsi que votre connaissance du jeu. Vous disposez également de quelques outils : une lampe-torche, un appareil vous permettant de capter différentes fréquences et d’ainsi localiser certaines cibles, un autre qui lance des guetteurs, petites caméras photographiant leur environnement proche, pouvant traverser des longues distances et s’insinuer dans des espaces étroits. Ces derniers émettent également de la lumière et vous serviront ainsi dans de nombreuses situations. On note aussi l’existence d’une jauge de carburant et d’une jauge d’oxygène liées à votre tenue d’astronaute, qui limitera vos déplacements et servira de moyen pour vous mettre la pression lors de vos recherches en territoires hostiles.

Outer Wilds propose une véritable aventure narrative. Comme dit plus haut, les Nomaï ont laissé de nombreuses traces écrites qui nous informent sur leurs activités. Rapidement, on est embarqué dans une immense intrigue qui part dans tous les sens. Recoller ses morceaux pour en comprendre le tout devient une quête vraiment excitante. Les dialogues que l’on traduit nous permettent de suivre des morceaux d’histoire de plusieurs Nomaï précis. On va doucement découvrir leurs personnalités, leurs aspirations et leurs sensibilités, et donc s’attacher à ces êtres disparus depuis des milliers d’années, uniquement avec des textes écrit sur des bouts de mur. C’est fort. Par ailleurs, on peut discuter avec plein de membres de notre propre espèce sur notre planète, mais aussi avec plusieurs collègues astronautes qui sont également en vadrouille dans tout le système solaire. Le jeu transpire une bienveillance et une profondeur agréables.

Esthétiquement, Outer Wilds est très réussi. Les textures ne sont certes pas très détaillées, mais les environnements restent beaux, colorés et immersifs. Chaque planète et autres astres a une personnalité bien marquée, et on s’approprie très vite les environnements. L’OST, plutôt en retrait, rend bien la plénitude de notre voyage spatial, et met parfaitement en scène les moments plus épiques ou mélancoliques. Le sound design apporte de la crédibilité à cet univers, que ce soit le bruit des moteurs de notre fusée, les respirations de notre personnage dans sa combinaison, les astéroïdes qui se crashent… J’ajouterai que le jeu maîtrise son ambiance de par la solitude et la peur du vide que l’on peut ressentir, même sans faire face à un danger particulier.

Comme souvent, je termine par les défauts, car il y en a quand même. Commençons par le plus gros, les contrôles. Notre fusée se dirige comme une savonnette, et il est fréquent de s’écraser sur une planète parce qu’on va trop vite, ou de la dépasser parce qu’on n’est pas dans le bon axe. Même après plus de 10h de jeu, il m’arrivait de galérer. C’est encore pire quand on doit diriger son personnage en apesanteur, certains passages m’ont vraiment fait péter un câble. Les développeurs ont certainement voulu rendre ces déplacements spatiaux réalistes, mais on aurait vraiment préféré quelque chose de plus simple. Je trouve ensuite que quelques énigmes sont très compliquées à résoudre, et que le jeu use parfois de fausses pistes pas vraiment utiles. Enfin, c’est sûrement le point le plus personnel, mais je n’ai pas trop aimé la fin. L’intrigue se tient bien, mais je suis resté sur un goût d’inachevé, et les développeurs ont mis trop de mystères là où l’on aurait mérité plus de réponses concrètes.