Slay the Princess

Slay the Princess est un jeu narratif qui se joue à la souris. La gameplay consiste uniquement à faire des choix de dialogue. Il n’y a pas de phase d’action, ni même de QTE. Du coup, est-ce que le jeu est chiant ? Pas du tout, grâce à une écriture qualitative et à une atmosphère unique. Voici le pitch : vous êtes un héros au milieu d’une forêt paumée. Un narrateur s’adresse à vous, vous expliquant que vous devez vous rendre dans une cabane proche d’ici, trouver la princesse enfermée dans le sous-sol et la… tuer, au risque de la voir détruire le monde. Pas vraiment le scénario habituel du conte de fée. Dès lors, vous pouvez poser des questions pour en savoir plus, vous rendre à la cabane, et même décider de vous en aller.

Il est compliqué de parler de ce jeu sans spoiler, donc je vais rester vague. L’intérêt principal de Slay the Princess réside dans la multiplicité des embranchements que peut prendre le scénario. Pratiquement toutes vos décisions ont un impact concret et vous amèneront sur une nouvelle route, ou à minima sur des dialogues alternatifs. Le jeu possède plus de 5 fins différentes et plusieurs dizaines de manières d’arriver jusqu’à ces fins. La petite centaine de succès Steam vous pousse d’ailleurs à découvrir toutes les possibilités dont le jeu regorge. Ces différents embranchements se matérialisent notamment dans le jeu avec des changements de décors et l’apparition de nouvelles personnalités de votre héros, avec des identités bien définies et des lignes de textes originales.

Les dialogues sont très bien écrits et vous plongent dans l’aventure (dommage cependant qu’ils ne soient pas encore traduits en français). Le narrateur, personnage omniprésent, sera le centre de nombreuses prises de tête, notamment par sa faculté à essayer de vous imposer sa volonté. D’ailleurs, le jeu s’amuse beaucoup avec le 4ème mur. Les échanges entre ce personnage, les différentes personnalités de votre héros et vous-même vont donner lieu à de nombreuses scènes parfois drôles, parfois profondes, parfois gentiment agaçantes. On se régale à chaque nouvelle découverte. Les doublages sont également très bons et toujours dans le bon ton.

Point central du jeu, les interactions avec la princesse sont également très réussies. Selon vos choix, vos rapports seront extrêmement différents. Certains passages seront très touchants, d’autres d’une niaiserie exagérée, d’autres absolument terrifiants. La mise en scène est géniale, et le jeu saura vous faire baliser avec des changements de musique soudains, des typographies agressives, des effets utilisés pour transformer la voix de la princesse. Ses réactions ne seront pas nécessairement faciles à aborder et vous risquez d’avoir de belles surprises. Le jeu reste logique, malgré la complexité inattendue de son scénario, (dont je ne peux pas parler sans spoil) et vous arriverez globalement à vos fins en étant malins et subtils.

Pour finir, la DA de Slay the Princess est parfaite. J’adore le choix des graphismes monochromes et dessinés à la main, qui donne une personnalité glauque à cette aventure morbide. Le jeu maîtrise une atmosphère qui oscille entre l’histoire d’amour et l’histoire d’horreur, et la DA le rend très bien. Les quelques musiques sont parfaites pour vous plonger dans cet univers de contes flippant, et le sound design marche à la perfection, notamment sur des moments un peu dégueu. Bref, avec peu de moyens, ce jeu arrive à faire de belles choses.