Inscyption

La cabane au fond du jardin

Pour commencer

Les deck builder en solo se multiplient depuis quelques années, et notamment le succès d’un certain Slay the Spire. Il faut donc innover pour sortir du lot. Quoi de plus accrocheur et original qu’un contexte horrifique pour un jeu de cartes ? C’est le pari d’Inscryption. Est-ce que ça suffit à faire un bon jeu ? On va voir ça tout de suite.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Manau – Le chant des druides. Du rap de la forêt.

On boit quoi ?

De l’hydromel, la boisson des druides.

On mange quoi ?

Du cerf, ou n’importe quel autre gibier.

Alors, ça dit quoi ?

Inscryption est un Roguelike/Deck Builder qui vous plonge dans un univers glauque et fantastique. On rentre dans le vif du sujet dès les premières minutes de ce jeu, qui ne nous propose pas de commencer une nouvelle partie, mais uniquement d’en continuer une en cours. On se retrouve assis à une massive table en bois, dans une cabane sombre, par une nuit d’orage. La vue subjective permet une immersion directe. Face à nous, dans l’obscurité, un inquiétant personnage, dont on ne voit que les yeux, nous explique comment jouer à un mystérieux jeu de cartes. On comprend vite que l’on n’est pas ici de bon cœur, et qu’il faudra faire ce que demande notre ravisseur. Après un court tutoriel, qui ne nous apprend que le strict minimum, notre première partie commence.

Inscryption
Le système de sacrifices est intéressant et colle parfaitement à l’esthétique glauque.

Comment se joue Inscyption ? On commence chaque run avec quelques cartes dans notre deck, toutes à effigie d’animaux de la forêt (hermine, corbeau, fourmi…). Chacune d’elles a des statistiques de vie et de dégât, ainsi qu’un coût pour être jouée, matérialisé par des gouttes de sang. Pour jouer une carte dans Inscryption, il faut en sacrifier une autre. Les cartes les plus puissantes demandent évidemment plus de sacrifices. Pour ce faire, on commence chaque combat avec un écureuil en main, carte gratuite qui ne sert qu’à être sacrifiée. À chaque nouveau tour, on choisit entre piocher une carte de notre deck et piocher un écureuil. On devra ensuite trouver le bon équilibre et calculer le ratio bénéfice/risque pour avoir une présence efficace de créatures sur le plateau.

Inscryption
La vue du plateau, avec des créatures qui se bloquent et d’autres qui sont libres d’attaquer les joueurs.

D’ailleurs, parlons-en. Quand on joue une carte, on la dépose sur l’un des quatre emplacements qui nous font face. Comme dans Magic, nos créatures attaquent en fin de tour. Si une carte fait face à la nôtre, les points de dégât frapperont la créature adverse. Si l’emplacement ennemi est vide, notre carte attaque directement l’adversaire. Nos points de vie et ceux de notre ennemi prennent la forme d’une balance. Dès que des dégâts sont encaissés, elles basculent dans un sens ou dans l’autre. Le premier à −5 a perdu. Ce système original, préféré à une bête jauge de PV, change la perception du combat. L’attaque devient la première défense, et des remontadas incroyables sont possibles.

Inscryption
Il existe de nombreux pouvoirs, que l’on peut en plus cumuler. Et oui, je suis devenu une carte à jouer.

Normalement, on devrait mourir relativement vite lors de notre première partie. Ça fait partie de l’apprentissage, car le jeu ajoute de nouvelles mécaniques lors de nos 4 ou 5 premières run. Déjà, beaucoup de nos cartes possèdent un pouvoir : capacité à ne pas être bloqué par la créature d’en face ou à oneshot celle-ci, attaques en diagonale, débuff des statistiques adverses… Il existe une grosse trentaine de pouvoirs différents qui vont fortement agrémenter le gameplay. Certaines cartes se joueront avec des os, ressources que l’on obtient à la mort de nos créatures, ce qui diversifie encore la manière de jouer et accentue l’importance des sacrifices. On aura également des objets à notre disposition, que l’on peut utiliser à tout moment : vol d’une carte adverse, écureuil supplémentaire, don d’un pouvoir à nos cartes… On peut aussi citer les totems, qui donnent un pouvoir supplémentaire à vos cartes selon leur espèce. Bref, il existe de nombreuses stratégies pour monter son deck et venir à bout de votre adversaire. On note que l’ennemi pose ses cartes sans contraintes de sacrifices, ce qui peut donner lieu à des débuts de combats déséquilibrés et difficiles à gérer.

Inscryption
Notre ravisseur joue le conteur d’histoire, et met des masques pour jouer ses personnages. Creepy.

Roguelike oblige, chaque run sera unique et de nombreux éléments viendront rythmer votre partie. On déplacera son pion sur une carte stylisée, qui propose différents embranchements. On rencontrera de nombreux événements au-delà des combats : ajout de cartes au deck, marchand, améliorations de cartes, destruction d’une carte pour donner son pouvoir à une autre… Toutes ces étapes vont nous permettre de bâtir notre deck (même si les occasions de récupérer des cartes sont trop nombreuses et mettent rapidement le bazar dans notre stratégie), de récupérer des objets et d’arriver dans les meilleures conditions au boss du niveau. Chaque boss a son propre deck, une compétence spéciale unique, deux phases distinctes et une stratégie pour être battu. Une fois vaincu, on passe au niveau suivant. Ils sont au nombre de trois. On combat le boss final au bout de tout ce parcours. On note qu’on a le droit à un échec par niveau, sauf sur les combats de boss qui ne nous laissent pas le droit l’erreur. À chaque mort, on recommence depuis le début, mais notre geôlier nous donne la possibilité de créer une nouvelle carte à notre effigie, basée sur les stats des cartes de notre deck, et qui donnent la possibilité de créer des créatures complètement cheatées. Malgré les tentatives du jeu pour se renouveler, je trouve qu’une forme de lassitude se fait ressentir un peu vite en répétant les runs. Un plus grand nombre de cartes, de boss ou d’événements n’auraient pas été de refus.

Inscryption
La carte est de toute beauté.

Au-delà du jeu de cartes, Inscryption est une sacrée claque. Très beau graphiquement, pesant par son environnement sonore, plutôt bien écrit, plein de petits détails morbides, il nous plonge dans une atmosphère inquiétante et dérangeante. On ne parlera pas d’horreur a proprement parlé, mais certains passages m’ont mis un petit coup de pression. Mais ce n’est pas là-dessus qu’Inscryption arrive à nous surprendre. Au bout d’un moment, notre tortionnaire nous laisse la possibilité de nous balader dans la petite cabane. On y découvrira différents meubles et objets de décoration avec lesquels interagir, pour se rendre compte que le jeu nous propose une sorte d’espace game à appréhender étape par étape. On aura des indices au cours de nos runs, donnés par certaines de nos cartes étrangement bavardes. L’avancement de ce jeu d’énigmes (pas toujours très inspirées) et des runs du jeu de cartes nous amènerons au dénouement d’Inscyption.

Inscryption
La visite de la cabane tourne à l’Escape Game. Pas hyper complexe non plus.

Et là, je resterai flou pour ne pas spoiler, mais c’est du grand délire. Quand l’on termine une première run, et quand l’on finit cet escape game, le jeu nous sort complètement de son contexte en explosant le 4ème mur. On se retrouve happé par un scénario parfaitement inattendu, captivant et angoissant, qui va nous tenir jusqu’à la vraie fin de l’aventure. Inscryption nous propose une deuxième, puis une troisième aventure, avec le même jeu de cartes revisité, via des nouvelles règles, créatures, pouvoirs… C’est surprenant, malin, assez bien exécuté. On regrettera seulement des défauts persistants : énigmes reloues, répétitivité. Puis une difficulté à rentrer dans ces deux nouvelles aventures, puisque notre deck de base est tout pourri. Il faut s’armer d’un peu de patience avant de s’amuser.

Can you geek it ?

Yes you can !

Inscryption est donc bien plus qu’un bête Deck Builder qui utilise l’horreur comme un vulgaire faire valoir. Son jeu de cartes est maîtrisé et fun, son aspect Roguelike fonctionne bien, son ambiance est poignante et le déroulé de son scénario m’a mis une grosse claque. Malheureusement, on peut regretter quelques défauts, dû à une réflexion pas assez poussée sur les mécaniques du jeu : difficulté à façonner son deck, répétitivité, idées d’énigmes un peu bas de gamme. Ça reste un très bon jeu, du genre qu’on aimerait oublier pour pouvoir se refaire surprendre.

Le par JuanPatatos

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