A Short Hike

A Short Hike est un jeu d’aventure très chill qui nous glisse dans la peau de Claire, une oiselle anthropomorphique, c’est-à-dire une humaine dépeinte sous des traits animaux. Cette jeune citadine se rend en vacances chez sa tante, sur une île qui est également un grand Parc naturel. Lorsqu’elle a besoin de passer un coup de fil urgentissime, on lui indique que le seul moyen de trouver du réseau est de monter au sommet de la montagne, située au centre de ce havre de paix. C’est ainsi que l’on part pour une grande randonnée, dans la joie et la bonne humeur.

L’atteinte du sommet sera votre seul objectif. Dès nos premiers pas, on peut partir dans la direction que l’on souhaite. La map prend la forme d’un mini-monde ouvert, et vous laisse une liberté extrême. Le jeu ne nous contraindra jamais à parler à tel PNJ, faire telle quête ou nous rendre à tel endroit. On peut finir l’histoire de diverses façons. Le level-design est pensé de manière à ce que l’on puisse atteindre n’importe quel point de la carte de différentes manières. Seul un élément central de gamedesign nous limitera dans notre ascension, mais j’y reviendrai. A Short Hike nous incite donc à explorer ce petit monde, à s’y perdre, et à se familiariser avec. Il n’y a aucune map à consulter, et vous devrez vous approprier la carte pour vous repérer. La caméra, avec sa vue isométrique, casse les distances et nous empêche de regarder au loin. Ceci donne le sentiment d’une map plus grande, empêche de trouver des repères facilement et nous force à nous creuser la tête (c’est pas désagréable, vous verrez). En termes d’immersion, on se sent vraiment en découverte d’un terrain nouveau.

L’île est construite de manière très verticale, sa surface se réduisant à mesure que l’on avance vers le sommet. On y trouvera des plages aux extrémités, puis des zones plus herbeuses et boisées, avant d’atteindre les hauteurs gelées. De plus, quelques îlots seront à visiter aux alentours de l’île principale. Pour nous aider à nous y retrouver, le jeu apporte plusieurs aides subtiles (pas de grosses flèches comme dans les AAA). Certains points de repère sont immanquables (phare, pylônes électriques, cascades, lac, bâtiment abandonné), les différents espaces de l’île sont nommés et indiqués sur des panneaux, la pluie tombe sur une partie de la carte et la rend très identifiable, un PNJ peut nous donner une boussole, et quelques télescopes de tourisme nous apportent une vision subjective d’un morceau de la map. Des cartes au trésor sont à trouver, et vous proposeront de vous lancer à la recherche d’un coffre, dont la position est indiquée par une énigme. Cette mécanique permettra de vérifier que vous avez parfaitement intégré l’environnement. On notera enfin la présence de raccourcis sur la carte, sous la forme de grottes.

En début de partie, Claire peut nager, sauter, planer depuis une hauteur et fondre en piquet quand elle est en vol. La zone de la plage sert de tutoriel, et vous apprendrez les contrôles à travers des discussions avec les PNJ. La prise en main est simpliste puisque presque tout se fait avec le bouton A. Seule l’interface est pénible, vous demandant de passer par le menu pour équiper un objet. Très rapidement, on vous demandera de trouver une plume d’or, qui vous permettra de vous envoler, d’escalader les nombreuses parois de l’île, et de courir (après avoir récupéré un objet spécifique). Ces plumes fonctionnent comme une jauge d’endurance, s’épuisant momentanément dans l’effort. Il faudra donc en récupérer plusieurs pour accéder à des points de plus en plus élevés de la carte, et notamment à la dernière partie qui est inaccessible sans en récolter un certain nombre. De plus, le sommet de la montagne ajoute une petite difficulté. Si, en temps normal, votre jauge de plume se recharge après l’effort, le froid de l’altitude la gèle. Vous devrez donc vous débrouiller avec votre stock de plume restant après une grimpette, et en emmagasiner suffisamment pour aller jusqu’en haut. On note que toutes les surfaces de la map sont praticables. On peut donc se promener où l’on veut, comme on veut, tant qu’on a le bon nombre de plumes.

Pour récolter ces fameuses plumes d’or, les possibilités sont nombreuses. Il existe facilement deux fois plus de plumes qu’il n’en faut pour finir le jeu. Cela permet de laisser le joueur dans son exploration libre, et de pouvoir terminer l’aventure quels que soient ses choix. On trouve des plumes en réalisant de petites quêtes pour les PNJ (récupérer des objets, retrouver des personnages à différents points de l’île), en fouillant minutieusement la map, en boutique grâce à l’argent que l’on récupère un peu partout. A Short Hike nous propose plein d’activités en tout genre : volleyball (franchement, c’est addictif), bateau à moteur (impression de vitesse géniale malgré une maniabilité hasardeuse), courses à travers toute la carte, sans parcours balisé. On trouvera de nombreux objets qui apporteront de nouveaux objectifs : pelle pour trouver des trésors, seau pour faire pousser des plantes, canne à pêche pour dénicher la quinzaine d’espèces de poissons dispersées dans les différents points d’eau de l’île. Des coffres sont également disséminés partout sur la carte. Au final, la map a beau être petite, la densité de choses à faire et à trouver donne l’impression d’avoir tout le temps une curiosité à découvrir, même quand on repasse pour la dixième fois dans le même coin.

Esthétiquement, le jeu est plutôt joli, même si je ne suis pas fan de ces gros pixels. C’est très coloré, très lumineux. Le sound design est tout mignon, on se croirait sur un jeu Nintendo. La gestion de la musique est géniale d’inventivité et de justesse. Il existe quelques morceaux différents, correspondant notamment aux trois zones de la map. Ce sont des airs d’une douceur infinie, avec un petit côté épique sur celui du sommet de la montagne. Ces morceaux sont composés de plusieurs couches de mélodies. Selon le lieu où l’on se promène, l’air principal perdure, mais les instruments changent, un instrument à corde disparaissant ici, une percussion apparaissant là. À certains endroits, la musique s’arrête totalement, nous laissant seuls avec l’environnement sonore naturel de l’île. Enfin, quand on plane lors d’une descente vertigineuse, des violons et autres cordes nous accompagnent. Les instants en vol sont majestueux.

A Short Hike est d’une bienveillance et d’une tendresse infinies. Tous les habitants de l’île sont adorables, touchants, même les plus relous. Les dialogues sont plein d’humour et de légèreté. Le seul personnage un peu méchant se révèle être un gamin en manque d’argent pour payer ses études, la partie de volley ne vise pas à battre l’adversaire, mais à faire le plus d’échanges possibles… Les habitants se connaissaient, s’apprécient, s’entraident. Claire est douce et attentionnée envers tout ce petit monde, qui le lui rend bien. Et franchement, c’est agréable.