Hotline Miami

Si Tarantino faisait un jeu

Pour commencer

J’ai longtemps hésité avant d’acheter Hotline Miami. D’un côté, je voyais des artwork dingues, qui suintaient une atmosphère dont je raffole. D’un autre, je voyais des graphismes in game peu engageants. J’ai fini par passer le cap, notamment poussé par le tampon Devolver. Et je suis bien content de l’avoir fait.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Scattle – Knock knock. C’est la première fois que je mets un son de l’OST du jeu dans cette rubrique. Mais pour le coup, ce morceau a vraiment intégré ma playlist.

On boit quoi ?

Un Miami Beach, facile.

On mange quoi ?

Un poulet rôti, en hommage à notre masque. Avec les petites patates là.

Alors, ça dit quoi ?

Hotline Miami est un jeu d’action porté arcade, qui se distingue par sa violence exacerbée. On incarne un tueur à gages masqué, chargé de nettoyer des repères de mafieux. À chaque mission, on parcourt étage par étage des bâtiments truffés d’ennemis armés jusqu’aux dents, qui devront tous rendre l’âme pour que l’on puisse passer à la suite. L’objectif est donc d’une simplicité oldschool, et d’une brutalité qui colle avec l’esthétique gore du jeu. Moins de pinaille, plus de fun.

Hotline Miami
Sombre, psyché, malsain. Tout ce que j’aime.

Hotline Miami est en effet un jeu extrêmement dynamique, au gameplay nerveux. Die and Retry oblige, la première erreur vous fera recommencer au début de l’étage. Et par erreur, on entend le moindre dégât encaissé, de la balle de fusil au coup de barre à mine. Les contrôles sont basiques : se déplacer, taper, tirer, balancer votre arme à la gueule des méchants. Pas de mécanique d’esquive ou de furtivité, mais des mouvements fluides qui vous permettent de vous déplacer vite, pour vous planquer ou rusher sur un ennemi. Pas de possibilité de porter plusieurs armes, ni de recharger les flingues. On se démerde comme on peut. On commence chaque niveau à poil, et on récupère des armes au sol, et surtout sur les cadavres de nos ennemis. Les armes à feu ont l’avantage de faire le ménage de loin, mais sont limitées en munitions et attirent à vous tous les ennemis du tableau. Hotline Miami est exigeant, et la méthode bourrin ne fonctionne pas toujours. On préférera régulièrement les armes de corps-à-corps, discrètes, et qui peuvent se jeter pour renverser un ennemi au sol (qu’il faudra achever, bien entendu). Le sang coule a flots, on éclate la tête de nos adversaires à terre en martelant le bouton d’action, c’est jouissif à mort. De plus, le jeu récompense nos carnages en nous donnant des points en mode borne d’arcade, avec multiplicateur de combo et note en fin de niveau. De quoi rendre nos bains de sang ludiques.

Hotline Miami
Les éliminations au sol sont vraiment jouissives.

Le jeu est en 2D, avec une vue du dessus, ce qui vous donne une vision claire et vous permet d’anticiper vos actions. En effet, Hotline Miami se joue principalement sur votre compréhension de l’environnement et votre vitesse d’exécution. Les ennemis ont des paterns définis et sont donc prévisibles, même si leurs rondes ne sont pas aussi simples qu’il n’y paraît. Ils ne vous verront pas si vous arrivez de dos, tant que vous n’êtes pas trop proches. De face, ils peuvent cependant vous repérer de loin, et une balle sortie de nulle part peut rapidement punir votre inattention. Leur vitesse de réaction ne vous laissera pas le temps de réfléchir ou de corriger une faute grossière. On essaiera donc au maximum de rester hors de vue, de vider les salles petit à petit et, dans de rares cas, on pourra tenter de gros massacres bourrins. Les choses se passent rarement comme prévu, et les phases d’improvisations chaotiques seront légion. Petit bémol : l’IA n’est vraiment pas dingue, et, quand on a compris le truc, il est possible d’attirer les ennemis un à un sans que les autres ne vous repèrent. Ce n’est pas si évident que ça et ça ne casse pas le jeu, mais des adversaires un poil plus futés auraient aidé à l’immersion.

Hotline Miami
Les grosses fusillades sont grisantes.

Puisque la compréhension de l’environnement est primordiale, le level design tient une place centrale et influence directement la difficulté croissante du jeu. Tous les niveaux se déroulent en intérieur, et sont construits avec des longs couloirs, des successions de pièces étroites, des grandes salles, ou des corridors plus labyrinthiques. Leurs physionomies vous obligeront à adapter votre approche et diversifieront le gameplay. Des vitres placées astucieusement offriront des fenêtres de tir intéressantes à vos adversaires et vous condamneront certains accès. Les portes de chaque pièce se claquent à votre passage, renversant et désarmant les mecs se trouvant derrière. Cette mécanique est d’une aide précieuse pour prendre d’assaut une salle. Au-delà de l’architecture des niveaux, la palette d’ennemis (et leur positionnement) est pensée pour nous compliquer la tache. En plus des sbires classiques, on trouve des chiens, extrêmement rapides, des gros mecs qui ne craignent que les balles et nous obligent à trouver un flingue en urgence, des flics d’élite qu’on ne peut que renverser momentanément. Certains événements scriptés arrivent parfois en pleine mission et changent complètement la donne. Il existe également quelques combats de boss et un niveau au gameplay full infiltration. Enfin, pour diversifier l’expérience, on débloque des masques que l’on peut choisir en début de niveau. Ils nous donneront un bonus particulier, souvent trop cheaté pour qu’on ait envie de jouer avec (vitesse améliorée, uzi silencieux dès le début du niveau, immunité aux chiens…)

Hotline Miami
Tant de détails glauques en une seule image

Mais, à l’instar d’un Katana Zero, le plaisir manette en main n’est qu’une façade du jeu. L’atmosphère d’Hotline Miami met une gifle mémorable, sa mise en scène cinématographique prend aux tripes. Si les graphismes me rebutaient avant d’acheter le jeu, je les trouve finalement on ne peut plus adaptés. La direction artistique colle parfaitement au délire. C’est sale, glauque, souvent malaisant (les portraits des perso, quand ils s’expriment, sont parfaits dans le genre), et en même temps coloré, pour rappeler l’influence des 80’s. On est pris dedans dès le tuto et son approche violente et grossière. Entre les phases de gameplay, on aura droit à des scènes mystérieuses et hallucinées avec des personnages masqués et menaçants, ou des passages dans différents commerces de la ville, avec un ami qui nous connaît trop bien pour ne pas être louche. On ne sait jamais à quel moment de l’histoire on se situe vraiment, le jeu joue avec la temporalité et avec la réalité. Des dialogues aberrants, des saturations de l’écran et des scènes psychédéliques apportent une confusion pesante. Le lore, franchement bien pensé, est distillé au milieu de ce brouillard, et ne se dévoile entièrement qu’au bout d’une fin secrète pas facile à trouver. D’autres secrets sont également à découvrir dans le jeu, et participent à ce climat énigmatique.

Hotline Miami
On jouera également plusieurs scènes chez notre héros, ce qui nous permettra de découvrir rapidement son intimité.

On est plongé dans un délire rétro dès le menu principal, avec un visuel de borne d’arcade et du rock psychédélique en fond. L’OST du jeu est MONSTRUEUSE, et notamment composée par des artistes confirmés. Je me suis rarement senti aussi boosté par la musique d’un jeu. Le sound design retranscrit parfaitement la violence, sans même que les personnages ne poussent de cris d’agonies. En fin de niveau, une musique sourde en lancinante vous laissera seul avec votre carnage, comme un retour à la réalité après un shoot. Entre ambiance étouffante et frénésie sanglante, on ne s’arrête jamais de vibrer.

Can you geek it ?

Yes you can !

Hotline Miami est un bijou. Une atmosphère démente et violente, une narration digne d’un grand thriller psychologique, un gameplay agréable et efficace. Un vrai shoot d’adrénaline, et une impression de devenir fou devant son écran. Indispensable. Pour le test du 2, c’est par ici.

Le par JuanPatatos

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