Hadès

Nom de Zeus !

Pour commencer

Puisque j’aime faire les choses en décalé, je viens juste de tester Hadès, élu meilleur jeu indé en 2020. Est-ce qu’il est à la hauteur des critiques ? Est-ce qu’il mérite son prix ? Est-ce que ces questions arrivent 3 ans trop tard ? Réponses dès maintenant.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Etella – Up and away. Une pépite de la pop grecque.

On boit quoi ?

De l’ouzo. Je vais pas me faire des amis, mais c’est meilleur que le Ricard.

On mange quoi ?

Une moussaka, un de mes plats grecques préférés.

Alors, ça dit quoi ?

Hadès est un Action Roguelite qui utilise la mythologie grecque comme cadre. Nous incarnons Zagreus, fils d’Hadès, célèbre dieu des enfers. Le jeune homme, visiblement en crise d’adolescence, cherche à s’enfuir de son funeste royaume et à rejoindre la surface, ce qui le positionne dans une situation de conflit avec son père. En effet, rien ni personne n’est supposé sortir des enfers. Zagreus sera aidé dans sa quête par les dieux de l’Olympe, désireux de le voir s’enfuir pour les rejoindre. Au fur et à mesure de nos runs, un scénario se met en place, abordant les origines de notre héros et révélant de lourds secrets de famille qui pourraient provoquer des événements graves. On y reviendra, mais la narration d’Hadès est un de ses arguments majeurs.

Hadès
Que La Famille

Zagreus démarre chaque tentative d’évasion à partir de la maison familiale, qui sert de Hub. Il devra traverser 4 zones pour arriver à la surface, chacune étant composée d’une quinzaine de pièces suivies d’un combat de boss, et ayant sa propre atmosphère et son bestiaire. Chaque échec vous renverra à la maison et il vous faudra tout recommencer. À quelques exceptions près (fontaines de heal, marchand ou PNJ spéciaux), toutes les salles proposent un combat, récompensé par l’obtention d’un item (on y revient). Vous devrez abattre tous vos ennemis, qui apparaissent souvent par plusieurs vagues. Quelques salles ont des règles différentes : survivre 1 minute à des vagues infinies d’ennemis, tuer plus d’ennemis qu’un compagnon d’armes pour gagner un bonus supplémentaire… On possède un kit d’attaques assez large, donc intéressant, et notamment un dash essentiel. On se bat dans des arènes fermées, toujours équipées de pièges qui nous forcent à bouger, ou nous interdisent l’accès à certains espaces. Le bestiaire n’est pas assez étoffé à mon sens, mais la composition des équipes d’ennemis est bien faite, mélangeant des paterns variés qui vous poussent à la mobilité. Tout ceci construit un gameplay dynamique, nerveux et agréable. Pour ajouter de la difficulté, certains ennemis ont des armures, à comprendre une deuxième jauge de vie. Tant que cette jauge n’est pas tombée, vos coups ne bloqueront pas leurs animations d’attaque, ce qui est pourtant essentiel pour sortir indemne de vos confrontations, d’autant qu’il n’y a pas vraiment de frame d’invincibilité après avoir subi des dégâts.

Hadès
Vous aurez parfois à combattre beaucoup d’ennemis en même temps.

Parlons des boss. Ils sont relativement peu nombreux pour un Roguelite (1 par zone, plus quelques boss cachés). Ils sont tous évolutifs et possèdent plusieurs phases selon la vie qu’il leur reste. Pour pallier leur faible nombre et éviter la répétitivité, certains d’entre eux possèdent plusieurs versions, ou des phases qui changent d’un combat à l’autre. Dans l’ensemble, ces fights sont très réussis. Les paterns des boss sont variés, leurs attaques sont rapides et brutales, et leurs grandes jauges de vie garantissent des duels longs et intenses. Les animations d’attaques, qui vous permettent d’anticiper les coups, sont relativement courtes et vous aurez besoin d’une concentration maximale pour bien vous en sortir. Comme lors des combats classiques, votre capacité à être mobile sera essentielle, que ce soit à cause des attaques ennemies ou de la conception des arènes. On notera également qu’il existe quelques mini-boss par niveau, qui sont des sortes de mobs améliorés. Honnêtement, ils sont tous très oubliables.

Hadès
Les boss sont aussi des personnages célèbres de la mythologie, et peuvent avoir une histoire à développer.

Ceci dit, quels sont les éléments mis en place pour éviter la répétition inhérente aux Roguelite ? Déjà, on peut rapidement débloquer 6 armes très différentes, essentielles au renouvellement du gameplay. Ensuite, parlons du build. La petite dizaine de Dieux de l’Olympe qui vous vient en aide vous donne accès à des pouvoirs qui amélioreront vos attaques, vos statistiques, la puissance des objets que vous trouverez, ou encore l’efficacité des premiers pouvoirs que vous aurez choisi. Chaque Dieux a sa propre spécialité : coups critiques, dots, réduction des dégâts adverses… À chaque rencontre avec eux, vous choisirez un bienfait parmi trois, chaque Dieux en possédant une quinzaine en tout, ce qui fait un total intéressant d’environ 120 pouvoirs pour tout le jeu. De plus, vous pourrez obtenir des pouvoirs propres à vos armes, sur le même schéma de choix entre 3 possibilités.

Hadès
Une système de rareté vous permettra de tomber sur les mêmes pouvoirs, mais en version plus puissante.

D’autres collectables pourront compléter votre build : augmentation de la jauge de vie, amélioration de vos pouvoirs sur un système de levels, épreuves du Chaos, qui vous donnera une malédiction temporaire en échange d’un pouvoir permanent sur la run. La majorité des salles ont plusieurs sorties, et on voit à l’avance quelle sera la récompense obtenue dans la prochaine pièce. Ce choix permet d’adapter notre build selon nos besoins. On récoltera également de l’argent un peu partout, à dépenser auprès d’un marchand pour obtenir encore plus d’items et de pouvoirs, ou des avantages temporaires. C’est également un des seuls endroits où l’on pourra trouver de quoi récupérer de la vie. Malgré toutes ces possibilités, j’ai un peu de mal avec la construction du build dans Hadès. Ça manque d’interactions entre les pouvoirs, on ne choisit pas les Dieux qui apparaîtront lors de la run, et on a plus l’impression de faire avec ce que l’on nous donne, d’accumuler des bonus plutôt que de construire un vrai build réfléchi. Ça reste correct, mais ça aurait pu être mieux pensé. Par ailleurs, je trouve que le jeu ne nous propose pas assez de dilemmes, pas assez de prises des risques en échange de belles récompenses. Quelques éléments vont dans ce sens (épreuves du Chaos, coffres, portails de l’Erèbe), mais ce sont des épreuves trop faciles avec des gains pas assez forts pour impacter la run. Dommage, c’est pour moi un vrai plus dans un Roguelike/lite.

Hadès
Le marchand, incarné par Charon, peut sauver une mauvaise run.

Hadès est un Roguelite, et nous donne donc accès à des améliorations permanentes, qui augmenteront les stats de Zagreus sur toutes nos runs. Ces améliorations se débloquent dans le Hub, grâce à différents collectables que l’on récolte lors de nos runs, et notamment des items rares que l’on obtient en battant les boss. Les possibilités d’améliorations sont immenses. On peut augmenter les stats de chaque arme et leur débloquer de nouvelles formes. Un contremaître nous permet de rénover la maison d’Hadès et de refaire la déco à base de tableaux, statues et autres luminaires. Si ces rénovations ont uniquement un but esthétique, on pourra également acheter des améliorations au sein des niveaux du jeu, comme la possibilité de trouver des thunes dans les props ou l’apparition de coffres dont le contenu vous sera accessible après un combat.

Hadès
Le Hub est grand, vivant, avec des pièces à débloquer, des petits détails partout… Un vrai kiff.

Il existe 24 (!!) manières différentes d’améliorer les stats de Zagreus (jauge de PV, pourcentage de dégâts…) ou de lui donner de nouvelles capacités comme les refus de morts (un stock de vie supplémentaire en gros). Enfin, on peut débloquer une vingtaine de « cadeaux », objets qui nous donnent des stats ou compétences permanentes pour la run, et 6 familiers, qui nous fileront un coup de main en combat. Il est à noter que l’on devra faire des choix entre les 24 améliorations, et qu’on ne peut prendre qu’un cadeau et un familier à la fois. Ces choix participent à la construction du build (mais c’est toujours trop léger pour moi sur la réflexion globale de ce sujet). Pour garder du challenge devant notre montée en puissance, le jeu nous propose, à partir de notre première run réussie, d’ajouter progressivement des malus à nos prochaines runs. C’est le seul moyen de continuer à looter les gros collectables et de faire avancer les intrigues secondaires du jeu. Je trouve que ce système est convaincant pour nous tenir impliqué, mais la courbe de difficulté est trop lente. D’autant qu’on va bouffer des runs.

Hadès
J’adore le design des personnages. Ca change des représentations habituelles, et ça fait du bien.

En effet, Hadès a un contenu impressionnant, qui demandera une centaine d’heures pour être fini à 100 %. Le jeu nous pousse à répéter les runs pour faire avancer l’histoire. Lors de chaque run et à chaque retour au Hub, les dialogues que l’on engage avec les dizaines de PNJ évoluent et tissent un scénario principal et des intrigues secondaires. C’est clairement l’élément premier qui vous donnera envie de relancer des runs. Les dialogues sont bien écrits, les personnages ont des personnalités fortes et la qualité des doublages leur donne une crédibilité puissante. Je trouve intéressant pour un Roguelite que la narration soit mise au cœur de l’expérience. Gros bémol, le jeu se crée une durée de vie artificielle et pousse trop loin la répétition des runs. Les intrigues avancent trop lentement, et on ressent de la frustration quand on se tape encore une run pour découvrir que le nouveau dialogue d’un PNJ ne fait toujours pas avancer l’histoire, ou même qu’un PNJ n’est pas présent dans le Hub et qu’il faudra recommencer une nouvelle fois pour espérer le croiser. On ne peut avoir qu’un dialogue à la fois, on ne peut donner qu’un nectar à la fois à chaque PNJ (objet servant à créer des liens avec eux). On n’a aucun indice sur la manière de faire avancer certaines quêtes, et on avance complétement à l’aveugle. Bref, tout est fait pour que ce soit lent. Par ailleurs, la multiplicité des collectables à obtenir, le nombre de petites quêtes à réaliser en jeu et de trucs à acheter, et surtout à améliorer, rendent le tout indigeste.

Hadès
Claque visuelle

Pour finir ce test beaucoup trop long (j’arrive plus à faire concis, c’est terrible), parlons de la DA d’Hadès, qui est clairement un de ses gros arguments, voir le principal. Les graphismes sont magnifiques, les dessins sont splendides, les couleurs vives sautent aux rétines. Le dynamisme du jeu apporte un juice dingue pendant les combats, et toutes les animations d’attaque nous en mettent plein la vue. Le chara design est une pépite, on aime redécouvrir les figures de la mythologie grecque sous un nouvel angle, et le parti-pris de faire des personnages androgynes était risqué, mais fonctionne parfaitement. Le ton léger de l’aventure, incarné par le flegme de Zagreus ou les pointes d’humour du narrateur, se marie super bien avec les moments de tensions dramatiques. La bienveillance qui émane d’Hadès est bienvenue, et on suit avec envie ces histoires d’amour et d’amitié tragiques que le jeu nous propose. Le sound design est pensé jusque dans les petits détails, et rend parfaitement l’énergie frénétique du jeu. Enfin, l’OST est une masteclass, mélangeant morceaux rock et guitares traditionnelles grecques (le Bouzouki, je crois). La track Good Ridance est une vraie merveille.

Can you geek it ?

Yes you can !

Hadès est un très bon jeu et mérite certainement les louanges qu’on lui fait. Son gameplay nerveux et ses duels épiques vous tiendront en haleine pendant de longues heures, sa DA est au top de ce qui se fait dans le jeu indé et sa narration vous impliquera dans l’aventure. Le contenu du jeu est solide, et la recette du Roguelite est maîtrisée. Cependant, la progression fastidieuse de l’histoire peut vous fatiguer, et je trouve que le jeu manque de prise de risques sur certains points. Il fait les choses bien, mais sans plus. Un blockbuster du jeu indé, en somme.

Le par JuanPatatos

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