Pour commencer
Comme on a pu le voir dans de nombreux tests de ce blog, le Roguelike est un sous-genre qui se marie très bien avec les action plateformers, les dungeon crawlers, mais aussi avec des genres moins évidents, comme l’infiltration ou le jeu de stratégie. Cult of the Lamb ajoute une nouvelle corde à l’arc Roguelike, en le mélangeant au jeu de gestion. Un choix surprenant, qui ne m’emballait pas trop de base. Heureusement, son prix de meilleur jeu indé 2022 et les nombreux avis positifs qu’il a reçu ont su me convaincre de l’acheter.
Pour se mettre en condition
On écoute quoi ?
Sacrifice de masse d’Osirus Jack. Un titre qui résume bien ma manière de jouer.
On boit quoi ?
Une sour au raisin, comme celle de la Brasserie du Mont Salève. Ça me fait penser à l’un des boissons du jeu.
On mange quoi ?
Une grosse poêlée de légumes, l’un des plats les plus intéressants du jeu.
Alors, ça dit quoi ?
Cult of the Lamb est donc un jeu mélangeant action/Roguelite et Gestion, le tout en vue isométrique. L’histoire nous place dans la peau d’un agneau capturé par une sinistre secte, et offert en sacrifice à 4 divinités impies, type Lovecraft, qui cherchent par là à garder emprisonné un cinquième Dieu. Seulement, au lieu de mourir, nous sommes envoyés à la rencontre de cette fameuse divinité captive, qui va nous recruter à son compte. Notre rôle : monter un culte à sa gloire, recruter des adeptes, gagner en puissance, et éliminer les 4 qui l’ont condamné à l’enfermement afin de le libérer. Nous sommes ainsi ramené à la vie pour accomplir cette quête maudite. Le scénario est sympa, on va aimer découvrir la personnalité de chacune de ces divinités obscures, et le final est assez épique.

La partie gestion se déroule sur une grande praire, dans laquelle vous allez pouvoir extraire des ressources, construire des bâtiments et gérer votre culte. Le but est de maintenir votre petite communauté en vie en la nourrissant (cuisine pour concocter des plats, ferme pour faire pousser des légumes), en la gardant en bonne santé (hébergements, toilettes et tombes pour garder les lieux propres, hôpital pour soigner les malades), en entretenant leur Foi pour éviter les révoltes (activités spirituelles du temple, décorations pour améliorer le moral, prison pour calmer les rebelles), et de la faire grossir en nombre. Plus vous avez d’adeptes, plus vous avancez rapidement dans le jeu, mais plus il est difficile de répondre au besoin de la communauté, la jauge de faim et de Foi baissant constamment. Vous pouvez assigner vos adeptes à certaines tâches précises (collecte de ressources, agriculture, nettoyage…), sinon ils feront d’eux-mêmes le nécessaire selon leur nombre et les priorités de la vie du camp. Ceci permet de vous rendre la gestion plus facile, mais moins stratégique et moins impliquante. On note que les constructions sont nombreuses, ont de multiples utilités et ne sont pas toutes indispensables, ce qui vous permet de construire votre village selon vos priorités et votre manière de jouer.

Vous pouvez recruter vos adeptes de différentes manières, la plus commune étant en faisant des donjons (on y revient plus tard). Ils ont tous une apparence liée à une espèce animale, un prénom et des traits de caractère positifs ou négatifs, qui les rendront plus ou moins efficaces sur certaines tâches et plus ou moins faciles à vivre. A vous de prendre en compte ces particularités pour en tirer le meilleur. Vos recrues ont également un âge et, puisque le temps s’écoule dans le jeu avec un système jour/nuit, ils peuvent arriver à la retraite et mourir. Ceci vous met une certaine pression pour aller constamment chercher de nouveaux partisans. Enfin, vos adeptes ont un niveau de fidélité, qui monte grâce à des rituels quotidiens, des petites attentions et des petites quêtes qu’ils viendront vous proposer spontanément. Ne pas répondre à ces demandes fera augmenter le mécontentement, et ces missions peuvent donc bouleverser vos plans si elles tombent au mauvais moment. Avoir des adeptes de haut niveau est important, car ça vous permet de récolter plus de fidélité, et chaque passage à un nouveau niveau vous donne un fragment de pierre de commandement (on va voir à quoi ça sert dans le prochain paragraphe).

Deux bâtiments sont particulièrement importants. Le tabernacle, statue centrale qui permet aux adeptes sans occupations de prier, générant ainsi de la dévotion. Cette dévotion vous servira à débloquer de nouveaux bâtiments et des versions plus efficaces de ces derniers, et ainsi d’avancer dans l’aventure. Et surtout le temple, aux multiples utilités. Un office quotidien vous permet de collecter la fidélité de vos adeptes (plus ils sont haut level, plus vous en récupérer) et alimentera la partie Roguelite du jeu. En effet, c’est ainsi que vous débloquerez les améliorations de votre personnage en vue des donjons (plus de PV, nouveaux sorts, améliorations des armes…). Ceci lie la partie gestion à la partie action/Roguelite. De plus, c’est ici que vous pourrez choisir de nouvelles doctrines, dès que vous avez collecté 3 fragments de pierre. Ces doctrines sont réparties en six catégories (richesse, maintien de l’ordre, nourriture…) et représentent des améliorations permanentes pour votre culte. Vous aurez des choix définitifs à faire, car choisir une doctrine en bloquera une autre. Elles vous apporteront de nouveaux bâtiments, de nouvelles interactions avec vos adeptes et de nouveaux rituels, et influeront fortement sur votre manière de jouer. Enfin, les rituels sont des cérémonies qui vous apporteront des bonus temporaires en échange de ressources : bloquer la jauge de Foi ou de faim pendant un moment, sacrifier un adepte pour augmenter la fidélité des autres, améliorer les récoltes… Ces rituels ont un cooldown et ne peuvent pas être spammés.

Pour finir en vrac sur la partie gestion. Il existe une mécanique de péché complètement optionnelle et pourtant assez poussée (plusieurs bâtiments lui sont dédiés) pour améliorer l’esthétique de votre temple. Des bâtiments ne servent qu’à améliorer l’apparence de vos adeptes. Vous pourrez vous promener en dehors de votre village, rencontrer des PNJ, faire des quêtes, acheter de nouveaux éléments de décors, et même participer à des tournois d’Osselets, petit jeu de dés simple mais sympathique. Cult of the Lamb est un jeu avec un très gros contenu, de nombreuses mécaniques, et vous offre beaucoup trop de possibilités pour que je puisse tout décrire ici. Sachez juste que toutes ces options sont stimulantes et nous donnent l’impression de pouvoir mener notre partie à notre façon. Le développement du culte est vraiment une phase agréable, et on va aimer réfléchir aux prochains bâtiments que l’on va débloquer, agencer notre petite prairie, et faire grandir notre grande famille satanique. Je noterai que l’interface n’est pas toujours facilitante et aurait pu être mieux pensée.

Passons enfin à la partie action/Roguelite de ce test déjà trop long. Cult of the Lamb propose 4 donjons, correspondant chacun à l’une des divinités impies qui vous a exécuté dans l’intro du jeu. Chacun possède sa propre esthétique, son bestiaire, ses mini boss, et donc son boss. Pour les ouvrir, vous devrez avoir fini le donjon précèdent et avoir recruté un certain nombre d’adepte dans votre culte, ce qui permet encore de lier gestion et Rogelite. Pour arriver au bout et affronter le boss, vous devez les parcourir victorieusement 4 fois. Une run mélange combats dans plusieurs ensembles de salles générées aléatoirement et planification d’un parcours jusqu’au boss, où vous pourrez croiser des marchands, des adeptes à libérer ou encore des salles remplies d’une ressource précise. Encore une fois, la gestion se mêle à l’action puisque vous allez faire ces choix selon que vous priorisiez la bonne tenue de votre run ou les besoins de votre culte. Il faut noter que le temps continue de s’écouler dans votre village pendant que vous êtes en donjon, et que certaines mauvaises nouvelles peuvent vous parvenir et vous mettre la pression pour rentrer rapidement.

La partie combat de Cult of the Lamb est plutôt réussie. Les contrôles sont simples et instinctifs (esquive, attaque et attaque chargée). Il existe 6 types d’armes, avec variantes à débloquer (vol de vie, coups critiques améliorés, poison…), plus de nombreux sorts et reliques (sort très puissant avec cooldown). Toutes ces possibilités pimentent le gameplay et vous force à vous adapter, d’autant qu’on vous imposera une arme et un sort au hasard en début de run. Le bestiaire est imposant, les paterns des ennemis marchent bien ensemble, et certaines pièces étriquées et/ou piégées vont proposer un certain challenge. Pour agrémenter la run, vous trouverez un PNJ qui vous proposera de choisir des cartes de tarot, qui vous donneront des bonus le temps de la run, et d’autres PNJ qui vous proposeront de changer d’armes ou de sorts. Les salles vous récompensent en or et en différentes ressources, essentielles au développement de votre culte. Enfin, les mini-boss et boss sont intéressants, avec des paterns bien pensés et assez nombreux pour ne pas être trop répétitifs. Pour le négatif, je dirais que le jeu est un peu trop facile, que la mort n’est pas assez punitive, que les combats manquent d’exigence et de technique, et que le jeu aurait pu pousser l’aspect Roguelike avec plus de secrets et de prise de risque à prendre.

Enfin, l’esthétique du jeu est un vrai point fort. Les graphismes sont magnifiques, et leur aspect mignon fonctionne bien dans cette aventure pourtant lugubre. Les designs des boss sont superbes, complètement dans la veine d’un univers lovecraftien. On apprécie également les visages très expressifs des personnages. Le sound design est un des meilleurs qu’il m’ait été donné d’entendre. C’est pétillant, chaque son est pensé avec soin, le mélange mignonnerie et bruitages glauques est ici aussi très réussi, et j’adore les dialectes obscurs de certains PNJ. Enfin, l’OST est magique, utilisant beaucoup de percussions tribales et de samples de voix enchanteurs. Elle est variée et comprend à la fois des mélodies posées, propices aux temps de gestion, des ambiances sombres et des morceaux plus énervés et épiques pour les moments d’action tendus.
Can you geek it ?
Yes you can !
Cult of the Lamb est un jeu original, qui réussit parfaitement sa fusion de l’action/Roguelite et du jeu de gestion. Les développeurs ont trouvé le moyen pour que ses deux parties s’alimentent l’une l’autre de façon ingénieuse. La partie gestion jouit d’un énorme contenu, qui nous occupera bien la tête, et la partie action/Roguelite est vraiment maîtrisée. On ajoute à ça une DA merveilleuse, et on obtient un super jeu. J’aurais préféré un peu plus de difficulté, une gestion encore plus poussée au niveau des adeptes et une partie Roguelite plus riche, mais ça n’entache pas cette belle expérience.
Le par JuanPatatos