Celeste

Le 7ᵉ ciel

Pour commencer

Je ne joue presque jamais à de purs plateformers, préférant ce genre quand il est coupé à autre chose. J’ai quand même acheté Celeste, tant j’en avais entendu parler en bien. Je pourrais dire que j’ai pris une gifle. Mais ça serait mal connaître la tendresse infinie de ce jeu.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Hippocampe Fou – Freestyle Celeste. Trop fort et tellement limpide.

On boit quoi ?

De la liqueur de whisky canadienne, au sirop d’érable. Sirupeux et réconfortant.

On mange quoi ?

De la barbe à papa, un truc rose pastel et doux.

Alors, ça dit quoi ?

Équipée de son sac de rando, Madeline se lance seule dans l’ascension du mont Celeste, à l’Ouest du Canada. La jeune femme n’a aucune expérience de l’alpinisme, et cette décision peut paraître surprenante, voire dangereuse. Mais Madeline a une excellente raison de prendre ce risque…

Nous suivrons donc son parcours, du pied de la montagne à son sommet. L’ascension se fait via 7 niveaux à parcourir. Leur construction trouve un bon équilibre entre horizontalité et verticalité. Les capacités de Madeline sont très succinctes. Elle peut sauter, s’accrocher aux murs puis grimper pendant quelques secondes, et dasher. Les mouvements sont hypers fluides, le perso réagit au quart de tour, et la sensation manette en main est savoureuse. Le dash ne peut être utilisé qu’une fois avant de retoucher terre, les cheveux de notre héroïne changeant de couleur pour nous signifier que l’on ne peut plus s’en servir. Il faudra donc bien analyser et comprendre comment se négocient certains passages pour utiliser son dash au bon moment. Celeste est très dur, et demande une vraie dextérité et une maîtrise des mouvements au centième de seconde près. On se plantera souvent, et l’on va mourir à la chaîne, en tombant dans le vide ou en se payant les piques recouvrant une plateforme. Rien de frustrant là-dedans puisque l’on sent son skill augmenter à mesure des échecs. De plus, le temps de chargement après une mort est inexistant et l’on réapparaît toujours à l’entrée de la pièce.

Celeste
Là, par exemple, j’ai pas dash au bon moment.

Le gameplay de Celeste se renouvelle constamment. Chaque niveau a sa particularité, ses mécaniques uniques qui enrichissent l’expérience de jeu. Des surfaces qui deviennent impraticables une fois que l’on est passé dessus, des bulles qui nous projettent dans une direction, des plateformes qui bougent quand on dash, des rafales de vent qui nous aident à sauter par-dessus des gouffres… C’est un plaisir de découvrir chaque nouveau niveau et de maîtriser ses spécificités, d’autant qu’ils ont tous un univers bien marqué.

Celeste
Dans cette image, une mécanique de jeu propre au niveau + une course-poursuite inédite.

De plus, Celeste nous propose des challenges alternatifs pour pimenter l’expérience. Des dizaines de fraises seront à récupérer le long des niveaux que l’on parcourt. Caché dans des pièces annexes ou des pans de murs, elles nous poussent à l’exploration. Affichées dans des endroits difficiles d’accès, elles nous obligeront à maîtriser les mouvements de Madeline ET le gameplay de chaque niveau à la perfection. Même ici, la mécanique évolue, avec les fraises ailées qu’il faut attraper sans utiliser le dash, ou les graines qu’il faut récupérer d’une traite sans toucher le sol. En plus des fraises, le jeu nous propose de trouver des cassettes et des cœurs, servant respectivement à débloquer le mode difficile du niveau et un niveau bonus à la fin du jeu. Ces deux objets (particulièrement le cœur) sont bien planqués et vont vous demander une fouille minutieuse des lieux, voire une maîtrise de mécaniques obscures, pas loin de truander le jeu. À ce propos, Celeste est pensé pour les speedrunners, avec un chrono qui enregistre votre temps passé dans un niveau et des astuces pensées par les développeurs pour magouiller avec la jouabilité et gagner du temps. Pour finir sur ce sujet, Celeste est un jeu bienveillant. Il vous la rappellera en précisant que ces challenges annexes ne sont pas essentiels et que l’on peut passer à côté si l’on galère à les récupérer. Une manière de remettre l’aventure au cœur de l’expérience et de ne pas faire rentrer les joueurs dans un esprit compétitif.

Celeste
La plupart des fraises sont galères à choper (la boule rouge et noire en bas de l’écran fait des allers-retours sur la plateforme 🙂 )

Cette bienveillance se ressent surtout à travers son message. Celeste aborde les thèmes de la dépression, de l’angoisse ou de la perte de confiance en soi avec une grande douceur et une profonde empathie. L’ascension de la Montagne devient l’analogie d’une quête intérieure, d’une réconciliation avec ses propres démons. Les quelques personnages que l’on croise sont bien écrits et très attachants. Ils nous raconteront leurs histoires personnelles de manière sincère et sensible. Je voulais également mettre en lumière que Théo, jeune homme rencontré de nombreuses fois en route, n’aura pas pour but d’installer une ambiguïté ou une tension sexuelle avec Madeline. C’est assez rare pour le souligner. Des touches d’humour mignonnes se glissent dans des discussions légères, qui alternent avec des passages plus profonds et mélancoliques. La fin du jeu nous pique d’une vive émotion, avec le sentiment d’être arrivé au terme d’une vraie aventure.

Celeste
Oui, on peut jouer à un jeu vidéo et faire une introspection.

Enfin, le jeu est magnifique. Le pixel-art est soigné, les couleurs sont splendides, les univers variés et séduisants. Les dessins des phases de dialogues, dans un style un peu manga, sont vraiment chouettes et rendent bien les expressions des personnages. Leurs voix à base de charabia sont adorables. L’OST est grandiose, retranscrivant parfaitement les instants mystérieux, épiques ou plénifiants. Le sound design est lumineux, faisant parfois penser à un jeu Nintendo. Il met également bien en valeur la Montagne et son silence majestueux. On notera également certains feedback très appréciés, notamment la vibration de la manette pendant les dash.

Celeste
Splendide.

Pour finir, on notera l’intelligence des développeurs, qui ont pensé à une manière bienveillante (encore une fois) de rendre leur jeu accessible. Plutôt qu’un bête mode facile qui dénature le jeu, les joueurs en difficulté pourront régler la vitesse du jeu, ou encore être assistés sur la direction des dash. Ça peut aller un peu loin (l’invincibilité casse complètement le jeu), mais la réflexion autour de la difficulté et de l’accessibilité est intéressante.

Can you geek it ?

Yes you can !

Pour conclure, bah un peu le même avis que tout le monde : c’est un chef d’œuvre. Le gameplay est parfait et se renouvelle constamment, je n’ai jamais autant aimé jouer à un jeu de plateforme. Sur le fond, Celeste est touchant et profondément marquant. On en prend plein les yeux. Et pour info, un jeu arcade complet est caché dans un niveau. Bref. Un cadeau tombé du ciel.

Le par JuanPatatos

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