Little Nightmares

Cauchemar en cuisine

Pour commencer

Je ne sais pas si je l’ai déjà dit, mais j’aime le glauque. Sûrement le fait d’avoir bouffé du Tim Burton très jeune. Quand les premières vidéos de Little Nightmares sont sorties il y a quelques années, j’ai été immédiatement conquis par cet univers sombre. Puis j’y ai joué. Et je n’ai pas été déçu.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Aphex Twin – Nannou. Le meilleur son fait avec des samples de boîte à musique.

On boit quoi ?

Du chouchen. Pour faire honneur au ciré.

On mange quoi ?

Disons des sushis. Il y a plein de poissons sur le bateau, et les saucisses ont une drôle d’odeur…

Alors, ça dit quoi ?

Après un cauchemar mettant en scène une inquiétante geisha, une gamine minuscule en ciré jaune se réveille dans une valise, posée dans un décor métallique, sombre et humide. C’est le début pour elle d’une épopée à travers l’Antre, un immense bateau rempli de mystères et de terreurs. Little Nightmares est un puzzle plateformer à la LIMBO. À la différence d’autres jeux du type, il n’est pas vraiment en 2D, mais possède une certaine profondeur de champ. Le gameplay est assez minimaliste : Se baisser, courir, glisser, pousser, tirer, prendre, jeter. On peut aussi contrôler légèrement la caméra pour jeter un coup d’œil au bord de l’écran et allumer son Zippo pour éclairer les zones d’ombre, même si cette mécanique servira rarement.

Little Nightmares
Le briquet servira rarement, mais servira quand même.

Les éléments interactifs sont pensés pour être repérables d’un coup d’œil : grillages sur lesquels s’accrocher, traces de mains sur une porte… On arpente donc le navire de manière naturelle alors qu’il n’y a pas d’interface. On progressera en général de gauche à droite, mais une certaine verticalité apporte de la complexité au level design. Pour avancer, on résoudra des énigmes, tout en esquivant les horreurs qui veulent nous choper.

Little Nightmares
Coucou beau gosse !

Les antagonistes de Little Nightmares sont presque tous des monstres uniques, des personnages à part entière du jeu, qui vont nous suivre pendant un certain moment. Leurs apparences difformes et monstrueuses les ont rendus complètement iconiques. On passera donc de nombreuses séquences à se cacher sous des tables ou sur des étagères pour ne pas se faire prendre, à étudier leurs paterns avant d’agir, à créer des diversions en jetant des objets. On devra parfois se faufiler dans la gueule du loup pour chercher une clef, ou activer bruyamment un levier au plus près du danger. L’obscurité ne sera jamais vraiment un refuge, car nos ennemis y seront souvent plus à l’aise que nous. Le jeu nous indique cependant assez clairement les zones où l’on peut se cacher, si l’on n’a pas été suivi de près. Que ce soit par le son ou la vue, vos ennemis peuvent vous repérer à la moindre erreur grossière. Ces séquences sont très réussies et vous donneront des sueurs froides. Par ailleurs, quelques passages prendront la forme de courses-poursuites épiques et affolées, ou de moments paniqués dans lesquels on doit trouver une cachette en moins de trois secondes. Les codes horrifiques sont maîtrisés, notre vulnérabilité est palpable et le jeu fait flipper sans avoir recours aux jumpscares.

Little Nightmares
Vous avez un certain succès.

Little Nightmares n’est pas un puzzle game avec des énigmes à proprement parler. On va surtout nous demander de nous adapter à notre environnement. Suivre le bon chemin quand on se retrouve dans une impasse, trouver le moyen d’activer un interrupteur en utilisant un objet, voir le raccourci qui permet d’atteindre une porte qui se referme. Et bien sûr, se creuser le crâne pour être plus malins que nos ennemis. Cela peut décevoir les amateurs d’énigmes complexes, mais je trouve que ça colle bien à ce jeu. On continue d’avancer constamment, sans être bloqué dans une zone, et le rythme reste soutenu et stressant. On notera que le jeu nous pousse à explorer l’environnement avec des statuettes optionnelles à dénicher.

Little Nightmares
La principale énigme ? Survivre à ça.

Le lore de Little Nightmares est extrêmement flou et mystérieux. On peut traverser le jeu sans jamais rien comprendre à qui l’on incarne, ce que l’on fait ici et ce que signifie la cinématique de fin. Il n’y a aucun dialogue, aucun document à lire, que de la narration environnementale. Beaucoup de théories ont vu le jour sur internet, mélangeant les observations faites dans le jeu, les quelques éléments lâchés par les développeurs et les révélations des autres jeux Little Nightmares et dans la BD (oui, la licence a une vraie chronologie et une histoire globale). Identités et buts de notre personnage et des antagonistes, rôle de l’Antre, tentatives d’explications sur la place centrale de la nourriture dans cette histoire… C’est assez intéressant à regarder, si vous avez du temps à perdre sur Youtube.

Little Nightmares
La geisha semble avoir un rôle central dans l’Antre.

Esthétiquement, le jeu est une vraie réussite. Les textures sont agréables, les personnages affreusement beaux, les décors morbides et très détaillés. L’univers japonisant fait énormément penser au Voyage de Chihiro, d’autant plus avec ce rapport omniprésent à la bouffe. L’OST comprend quelques morceaux seulement, souvent composés avec des sonorités de boîtes à musique. Il y a donc peu de musique dans le jeu et l’on sera souvent seul avec les bruits de ses propres pas ou de l’eau qui s’écoule d’un peu partout. Des sons oppressants, typiques des films d’horreurs, nous indiqueront que la situation se complique, voire que l’on est repéré. La vibration de la manette au rythme d’un cœur est un feedback très efficace. Le sound design est génial, et les grognements, craquements et autres voix fantomatiques émis par nos poursuivants foutent la frousse. On notera la présence de bruits sourds et métalliques dont le bateau se fait l’écho, de chansonnettes poussées par des enfants… Tout ce jeu est glauque dans les moindres détails.

Little Nightmares
Charmant…

Enfin, parlons des défauts, puisqu’il y en a quand même. La profondeur est assez mal maîtrisée, et on se jette régulièrement dans le vide quand on pense sauter sur une plateforme. Ce qui pose un souci en lien avec le deuxième problème : les Check Point sont parfois placés à des endroits foireux. Il est vraiment pénible de se retaper un petit bout de progression parce que la 3D est mal foutue. On peut aussi dire que les déplacements de notre perso sont un peu lourds. Et pour finir, le DLC est décevant. Certes, certains passages sont épiques (le moment dans le noir total avec le Concierge…), mais l’épisode casse le fameux rythme propre au jeu avec des énigmes indigestes, et devient lassant.

Can you geek it ?

Yes you can !

En conclusion, Little Nightmares est déjà culte par son gameplay efficace, son atmosphère glaçante et sa maîtrise des codes du jeu d’horreur. Les mystères entourant son univers le rendent d’autant plus intrigant, et le jeu est très beau. On regrettera quelques défauts évitables, et surtout une durée de vie trop courte. Pas de quoi fouetter un rat. Va falloir que je me penche sur le 2 maintenant.

Le par JuanPatatos

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