Pour commencer
On va être clair : il existe des milliers de chroniques sur ce jeu, et tout le monde sait de quoi il s’agit. Je vais donc être concis, et donner mon avis sans revenir précisément sur ses éléments de game design, son scénario ou autre. Je vous invite également à lire le test que le poto Champi a fait il y a déjà deux ans.
Pour se mettre en condition
On écoute quoi ?
Un truc sombre et brutal, genre Devoured by Vermin de Cannibal Corpes.
On boit quoi ?
Un mec s’est amusé à faire un cocktail ressemblant aux fioles d’Estus, voici la recette.
On mange quoi ?
Un rongeur attrapé sur la route, que vous aurez dépecé de vos mains et embroché sur un bâton pour le faire cuire au feu de camp. Médiéval quoi.
Alors, ça dit quoi ?
Commençons par le positif. Dark Souls est un vrai bon RPG, qui vous laissera la possibilité de vivre votre aventure de différentes manières. La création de perso est assez poussée, avec de nombreuses stats, classes, un don à choisir en début de partie et pas mal d’options de personnalisations esthétiques. Le jeu possède un nombre d’armes (qui changent le gameplay) et d’armures très important, et un nombre de sorts très correct. En montant de niveau, on pourra dépenser des points pour améliorer nos stats et Dark Souls est assez permissif sur le fait de changer de style de jeu en cours de route. Ainsi, vous pourrez incarner un gros tank, un guerrier vif jouant sur les esquives, un archer ou encore un magicien, le tout en adaptant les forces de votre personnage si le résultat ne vous convient pas.
Le système de combat est également très bon. Son exigence est une bonne chose, et on a vraiment l’impression de vivre des batailles éprouvantes, où l’on doit aussi bien penser à ses déplacements, à profiter des ouvertures laissées par l’ennemi et à sa propre défense, qui ne peut uniquement consister à se planquer derrière un bouclier. Le timing de la roulade est dur à prendre en main, mais donne une impression gratifiante de maîtrise. Comme beaucoup de joueurs, je suis beaucoup moins convaincu par le système de parade, qui me paraît trop risqué. Le bestiaire du jeu est impressionnant et la plupart des ennemis vous offriront des duels intéressants. J’ajoute ici que l’idée des feux de camps et des fioles d’Estus est géniale, pour cadrer vos possibilités de soin entre deux check point.
Concernant les boss, je suis un peu mitigé. Certains sont de vraies réussites, proposant des combats tendus, techniques et très satisfaisants, avec des paterns variés et exigeants (en plus de lore et de cinématiques travaillés). Mais une partie significative a de gros défauts. Certains sont trop faciles (oui, ça arrive). D’autres sont énormes, posant de gros soucis à la camera et amenant des duels bordéliques sans aucune classe. D’autres encore ont des concepts parfaitement débiles, vous obligeant à les coincer avec l’arène pour les battre (coucou la Décharge incessante) ou à courir sur leurs points faibles sans vous faire pousser dans le vide (coucou le Foyer du Chaos). Vu la réputation du jeu sur cet aspect, je m’attendais à mieux.
Ça a déjà été dit partout, mais le World design de Dark Souls est incroyable. Le monde est très grand et peut être traversé entièrement sans temps de chargement, avec des raccourcis ingénieux qui facilitent nos déplacements et nous font réaliser la qualité du travail effectué par les développeurs. Pas de carte pour nous aider, et s’approprier l’espace de jeu est un vrai plaisir. Le jeu nous laisse régulièrement la possibilité d’explorer des zones dans l’ordre que l’on souhaite, ce qui rend l’expérience unique pour chaque joueur. Les environnements sont variés et souvent marquants. J’en profite pour faire un point sur l’esthétique du jeu. L’esprit dark fantasy est omniprésent et très bien représenté par des décors soignés et crédibles, clairement inspirés d’œuvres similaires. Dark Souls suinte une atmosphère glauque qui touche au dérangeant et au tragique, tout en présentant des tableaux magistraux. Le design des équipements, des personnages et des ennemis est parfait, à l’exception encore une fois de quelques boss. L’OST est composée de morceaux grandioses, et je fais partie de ceux qui regrettent l’absence de musique dans la majorité des zones du jeu. Le sound design colle parfaitement à l’ambiance, et certains effets sonores sont devenus iconiques.
Maintenant, on va parler des choses qui fâchent. Ce jeu n’a pas un problème de difficulté, comme on le lit beaucoup. D’ailleurs, l’envie de se surpasser face à la difficulté proposée n’est pas un mythe, et c’est clairement une sensation qui m’a poussé à aller au bout. Par contre, Dark Souls a un énorme problème d’accessibilité, et c’est rien de le dire. J’ai jamais vu un jeu aussi peu expliquer ses propres mécaniques. Que ce soit l’encombrement, le fonctionnement des humanités, la forge, les invasions… Même les statistiques ne sont pas clairement explicitées ! Du coup, on se retrouve régulièrement à faire n’importe quoi, à dépenser des points d’XP n’importe comment, à cramer des objets uniques au lieu de les utiliser correctement, à se faire attaquer par des PNJ hyper importants parce qu’on a fait un truc qu’il fallait pas… C’est clairement insupportable, et je ne devrais pas avoir à chercher sur Internet pour apprendre les règles d’un jeu. Dark Souls est plein de quêtes annexes, de serments à prêter, de PNJ à aider, mais bon courage pour comprendre comment mener tout ça à bout. Le scénario est très bon, avec un twist incroyable, mais vous n’allez malheureusement rien piger tout seul. Tout est complètement cryptique, et je ne comprends même pas comment on peut espérer accéder à la seconde fin (la plus intéressante) sans encore une fois regarder sur Internet.
Ensuite, il faut admettre que Dark Souls peut parfois être bête, méchant, ou les deux. Les groupes d’ennemis peuvent vous tabasser à mort puisqu’il n’y a pas de frame d’invulnérabilité, mais que se remettre d’un coup prend du temps. Les environnements vous bloquent dans des passages étroits ou font tout pour vous faire tomber dans le vide (ce qui vous tue instantanément, évidemment). Ce jeu a d’ailleurs une passion pour les chutes mortelles vicieuses, et s’amusera même à vous faire combattre sur des corniches de 5cm, alors que donner des coups fait avancer votre personnage. Dark Souls s’amuse aussi à créer des concepts innovants : le niveau avec des gouffres partout alors que tu ne vois rien à deux mètres, ou encore celui où les plateformes sont invisibles. Bref, des idées bien débiles. Sinon, on peut parler des hitbox foireuses, des sauts parfaitement horribles, des caméras qui se perdent, des petits bugs, bref, de plein de détails qui n’ont pas leur place dans un jeu aussi exigent. Pour moi, tous ces éléments pourrissent l’aventure et la rende parfois désespérante.
Pour finir, je veux souligner le fait que cette version Remastered n’a absolument pas corrigé les problèmes techniques dont j’ai parlé plus haut et qui étaient déjà présents dans le jeu de base. Et ça, comme dirait René Malleville, c’est honteux.
Can you geek it ?
Yes, no, maybe, I don't know ...
Si je reconnais énormément de qualités à Dark Souls (idées de game design révolutionnaires, combats, world design…), et que je suis content d’être allé au bout, je trouve aussi que les développeurs sont des gros forceurs. Faire un jeu sans expliquer ses mécaniques et en mettant volontairement des troncs d’arbre dans les roues des joueurs, c’est ni fait ni à faire. Dark Souls n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains. Si vous l’achetez, c’est que vous êtes prêt à souffrir pour découvrir un grand jeu de son époque.
Le par JuanPatatos