Graveyard Keeper

Le code du travail en PLS

Pour commencer

Je ne suis pas un grand habitué des jeux de gestion, à base de farm intensif et de craft. C’est tout simplement pour cette raison que j’ai voulu essayer Graveyard Keeper, d’autant qu’il coche cette petite case glauque si cher à mon cœur putride. Voyons ce que ça donne.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Stephan F – Astronomia 2k19. Désormais la musique la plus populaire impliquant un cercueil.

On boit quoi ?

Tant de choix de craft dans le jeu. Partons sur une bière au miel. Vous en trouverez de différentes brasseries.

On mange quoi ?

Une choucroute pour accompagner ça.

Alors, ça dit quoi ?

Graveyard Keeper est un jeu de gestion directement inspiré d’Harvest Moon, ou plus récemment de Stardew Valley. Le pitch est simple, même simpliste. Un homme de notre époque se retrouve projeté dans le passé sans raison apparente. Il se réveille dans une maison où Gerry, une tête de squelette qui parle lui apprend qu’il est le nouveau gardien du cimetière d’un village médiéval. Ouais, pas facile le réveil. Notre protagoniste va devoir s’acquitter de ses nouvelles tâches, se fondre dans son nouvel entourage, et surtout trouver un moyen de rentrer chez lui.

Graveyard Keeper
Allez, au boulot !

Attention à la surcharge cognitive : ce jeu va vous faire charbonner comme jamais. Le début de l’aventure peut être assez dur à appréhender, face au flot d’informations qui vous allez devoir ingurgiter. En effet, Graveyard Keeper est assez complexe et complet. Vous occupez des cadavres que l’on vous apporte régulièrement et de l’entretien du cimetière ne sera qu’une micro partie de vos activités. Vous possédez également une maisonnette dans laquelle vous pouvez préparer un joli nombre de plats, une cour où stocker du bois, de la pierre, des métaux et les travailler pour crafter de nombreux objets, un jardin où cultiver des légumes. Rapidement, vous devrez vous occuper d’entretenir l’intérieur de l’église, pratiquer l’alchimie, ou encore brasser votre bière. L’idée est de commencer par ramasser plusieurs ressources faciles d’accès, de construire de nouveaux items pour avoir accès à de nouvelles ressources et constructions qui donneront accès à de nouveaux items et ainsi de suite. Pour encadrer la progression, vous devrez débloquer de nouvelles recettes de craft via un arbre de compétences divisé en plusieurs thématiques : forge, agriculture, construction… Les points demandés pour débloquer ces habilités sont aussi divisés en trois catégories (activités physiques, liées à la nature et intellectuelles/théologiques) et se récoltent à chaque fois que vous faites une action. Ramasser une fleur ou couper un arbre rapporte des points, et les activités les plus complexes comme le crafting en rapportent évidemment plus. C’est une bonne idée, car ça valorise les innombrables petites actions que l’on doit exécuter.

Graveyard Keeper
L’arbre de compétences vous accompagnera tout au long de la partie.

Mais, ni la taille de la map, ni l’ampleur de vos tâches ne s’arrêtent à votre petite maison et à votre église mignonne. Sans être très grande, la carte est très fournie et il existe une bonne vingtaine de PNJ, notamment présents dans un village proche de notre base. Si la plupart ne servent qu’à commercer, beaucoup vous donneront des quêtes à accomplir. Certaines sont courtes et assez anecdotiques, mais les personnages principaux vous donneront toute une suite de missions indispensables pour finir le jeu. Si le contenu des quêtes est rarement intéressant (on vous demandera principalement de fournir des objets), elles ont le mérite de vous obliger à explorer presque toutes les mécaniques offertes par le jeu, et de vous accompagner dans votre progression en se calant intelligemment sur l’arbre de compétence.

Graveyard Keeper
La taverne du village, étrangement le plus gros bâtiment du bled.

Pour compliquer le tout et vous apprendre la patience, Graveyard Keeper dispose d’un système jour/nuit avec des semaines de 6 jours. À savoir que les PNJ principaux n’apparaissent qu’à des jours précis. De plus, les efforts effectués par votre personnage consomment une jauge d’endurance, que vous pourrez remplir en mangeant, mais surtout en dormant, ce qui fait passer le temps plus vite. Vous voici lancé dans une course perpétuelle avec le temps, entre vos ressources à amasser, vos compétences à débloquer, vos craft à avancer sur différents lieux, vos quêtes à débloquer avec les nombreux PNJ sur des dates précises, la map à explorer et à retraverser à de nombreuses reprises, sans oublier vos routines quasi-quotidiennes de gestion de cadavres et de récoltes de légumes. Les nombreuses quêtes, possibilités de craft, localisations de la map peuvent donner le vertige au début. Cette sollicitation intense vous fera perdre la tête par moment, et je ne me souviens plus de nombre de fois où j’ai perdu le fil de ce que je devais faire. Mais cela garde le joueur impliqué comme jamais. J’ai rarement eu autant de mal à quitter un jeu tant j’avais toujours l’impression d’avoir quelque chose à finir avant d’arrêter. Mes cernes s’en souviendront.

Graveyard Keeper
Vous devrez aménager votre cour et y placer vos différentes constructions.

Pour compléter en vrac sur les propositions du jeu : on peut combattre, et il existe même un donjon de 15 étages avec un petit bestiaire, mais le gameplay est trop simpliste pour que ce soit vraiment intéressant. Il existe un système de monnaie, et le jeu vous encourage à vendre vos récoltes et fabrications aux PNJ et à leur en acheter, d’autant que certaines ressources et recettes ne sont disponibles que chez eux. Il existe de nombreuses manières de faire de l’argent, et vous pourrez même monter votre propre magasin ou votre food truck. Vous pourrez également former une main-d’oeuvre docile sous la forme de zombies qui effectueront des tâches ingrates à votre place. On citera pour finir (je n’ai pas tout dit, ça serait trop long) la possibilité de crafter des objets de différentes qualités (bronze, argent ou or), qui dépendront de la qualité de vos matériaux de base : qualité du raisin pour le vin, du poisson pour un plat, de vos écrits pour un livre…

Graveyard Keeper
Les recettes de cuisine. Mes crafts préférés. IRL aussi.

Tout ceci étant dit, passons aux deux gros défauts principaux de Graveyard Keeper, qui sont intimement liés à ses qualités. Comme dit plus haut, le jeu est très complet et propose de nombreuses possibilités et mécaniques de jeu. Le problème, c’est qu’on manque d’explications concrètes sur certains points, et qu’on avance par moments au petit bonheur la chance, ou en laissant de côté des mécaniques qu’on ne comprend pas. Cette méconnaissance s’ajoute au sentiment de vertige donné par le contenu imposant du jeu et devient désagréable. La table d’alchimie vous propose carrément de faire des expériences au pif pour trouver comment crafter des items, anéantissant vos précieuses ressources si vous avez faux. On pourrait se dire que je suis un peu con, mais j’ai vu plein de gens poser les mêmes questions que moi sur la manière de trouver une ressource, de crafter un objet ou d’utiliser une mécanique de jeu.

Graveyard Keeper
Vous allez passer un temps dingue dans ce potager.

Deuxièmement, le jeu est laborieux. On n’en voit pas le bout. On passe notre vie à marcher, pour récupérer des ressources, pour se rendre sur nos différents lieux de craft, pour aller au village. On fait des centaines d’allers-retours parce qu’on a besoin d’un objet qu’on a laissé dans un coffre ailleurs, parce que notre inventaire est trop petit, parce qu’il faut dormir, parce qu’on perd la tête. Si l’on termine une quête un poil trop tard, il faut attendre une semaine entière pour la rendre et avancer dans le jeu. On a toujours l’impression de manquer de temps. C’est frustrant, épuisant, et d’autant plus dommage que les contrôles et l’interface ont été plutôt bien pensés pour nous faire gagner du temps.

Graveyard Keeper
Le jeu sait adopter un ton plus sombre par moments.

Pour finir, les graphismes sont beaux, le sound design est étoffé et agréable, et l’OST est sympa, légère et dans le bon ton, même si trop répétitive. L’atmosphère du jeu est vraiment cool et chill, et le jeu n’essaye jamais d’aller sur le terrain de l’horreur, malgré un contexte fleurtant avec le glauque. Je parlerais enfin de l’écriture des personnages, qui est assez réussie. On découvre des personnalités diverses et on aborde des thématiques intéressantes à travers des dialogues plutôt qualitatifs. Rien d’exceptionnelle en soit, mais cet univers est bien construit, et j’ai eu un petit pincement au cœur au moment des crédits de fin.

Can you geek it ?

Yes you can !

Pour conclure, j’ai passé un très bon moment sur Graveyard Keeper. Le contenu du jeu est solide, les possibilités et mécaniques sont nombreuses et le rythme intense nous embarque pleinement. L’esthétique du jeu est réussie et l’atmosphère sait nous intriguer gentiment. Ça aurait mérité plus de clarté sur différentes mécaniques et un moyen de rendre nos déplacements moins nombreux et pénibles, mais c’est globalement un bon jeu. Pour ceux qui ça intéresse, il existe pas moins de 3 DLC, que je n’ai pas encore fait.

Le par JuanPatatos

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