Legend of Keeper

Un jeu dont vous n’êtes pas le héros

Pour commencer

Ce nom ne parlera qu’au plus vieux d’entre vous, mais j’ai grandi en jouant à Dungeon Keeper, un jeu dans lequel on incarnait un maître de donjon qui défend son antre contre des héros. J’ai toujours trouvé ce contre-pied intéressant et stimulant. Quand Goblinz Studios a commencé à parler de Legend of Keeper, qui reprenait la même idée, j’étais très hypé, malgré ma grande déception sur Dungeon Rushers, un de leurs précédents jeux. Est-ce que Legend of Keeper est à la hauteur ? On regarde ça.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Manowar – Hail and Kill. Ça va bien avec l’imagerie bourrine et kitsh du jeu.

On boit quoi ?

Une choppe de bière belge bien forte, genre Tripel Karmeliet.

On mange quoi ?

Des cuisses de poulet trempées dans de la mayo, le tout à la main.

Alors, ça dit quoi ?

Legend of Keeper est un Roguelite, avec un genre principal un peu original : le Dungeon Defender. Vous incarnez ici le rôle d’un boss qui rejoint la fameuse Compagnie des Donjons, une société qui organise la défense des trésors des différents châteaux, cavernes et autres temples qu’elle possède. Vous devrez utiliser vos monstres et pièges pour défaire les héros qui vous attaquent, mais aussi gérer au quotidien la vie de votre petite entreprise. Ce ton parodique, qui couple le monde du travail et l’héroic fantasy, fonctionne bien et donne lieu à des situations rigolotes, même si l’écriture aurait pu être plus poussée. Il n’y a pas vraiment de scénario, le jeu vous demande simplement de terminer 5 campagnes principales et 2 annexes par personnage jouable.

L’écran des choix de campagnes, avec notre perso moche à gauche.

Pour réussir une campagne, vous devrez tenir une quarantaine de semaines sans que votre maître du donjon ne soit tué et votre trésor volé. Vous commencez chaque campagne avec 6 monstres, 2 pièges et 1 relique (à comprendre un objet vous donnant un bonus permanent le long de la run). Les combats se déroulent en deux phases : la préparation et la confrontation. Dans un premier temps, le jeu propose un assemblage de pièces de donjon aléatoire, chacune ayant son rôle. Deux d’entre elles accueilleront vos monstres (on y revient), deux autres serviront à placer vos pièges, une permettra de jeter un sort lié à votre boss. D’autres salles peuvent s’ajouter à cette liste : sort lié au type de donjon, salle avec bonus pour les héros… La dernière salle sert toujours de repère au boss, votre dernier rempart, qui devra se salir les mains si les héros sont toujours en vie. A vous de trouver les meilleurs combos entre vos pièges, vos sorts et les spécialités de vos troupes pour défaire vos ennemis au plus vite (exemple, utiliser un piège qui abaisse les résistances au feu des héros avant une pièce abritant des monstres qui utilisent du feu, jouer sur les accumulations de dots…). Les donjons se réfléchissent donc dans leur entièreté, d’autant plus que les héros en traverseront sûrement une grande partie avant de décéder.

Legend of Keeper
On voit en transparence les dégâts que notre attaque va infliger.

En effet, pour avoir une chance de traverser le donjon et mettre en danger votre boss malgré tous les obstacles sur le passage, les 3 héros qui composent chaque escouade se doivent d’être plus puissants que vos troupes. Les combats avec vos créatures se jouent au tour par tour et à 3 contre 3 (d’où vos 6 monstres de base). Vous placerez les membres de vos deux équipes sur l’un des trois slots disponibles (devant, milieu, derrière) dans chaque pièce. Les combattants ont différentes attaques et passifs selon leurs niveaux, un nombre de PV, des résistances élémentaires, des stats de vitesse et de puissance. Les attaques peuvent frapper en AOE ou ne cibler qu’une position ennemie, ont toujours un type de dégâts, à la Pokemon (physique, feu, glace…) et infligent presque toujours des dots et malus aux adversaires, ou des buffs aux alliés. De plus, les ennemis ont une jauge de moral en plus de leurs PV, qui peut être entamée par certaines attaques. Les héros encaissent plus de dégâts à mesure que cette jauge baisse, et s’enfuient si elle tombe à zéro. Tous ces paramètres donnent du corps au gameplay et apportent à la tactique des combats. Le positionnement de nos équipes est essentiel pour optimiser les forces de nos monstres par rapport aux faiblesses ennemies. On ne va pas se mentir, on a vu des mécaniques de combats plus ambitieuses et les développeurs auraient pu pousser leurs idées plus loin. Mais on se laisse prendre au jeu facilement.

Legend of Keeper
Notre boss est puissant, mais va quand même galérer si les héros sont trop nombreux.

Hors DLC, vous pourrez incarner 3 maîtres du donjon différents, ayant chacun un gameplay propre. En combat, chacun d’eux possède trois attaques pour tenter de vaincre ce qui reste du groupe du héros. Ils ont également 3 sorts à utiliser dans la salle prévue à cet effet. Au milieu de sa deuxième campagne, chacun gagnera une salle bonus avec une nouvelle attaque contre les héros, qui s’intègre bien au gameplay des maîtres. Enfin, on gagne des points d’XP à la fin de nos campagnes (gagnée ou perdue) qui se dépensent dans un arbre de compétences, qui améliore durablement les capacités de notre boss. Bref, encore un moyen assez efficace de diversifier le gameplay, en plus des différents types de donjons, ou du bestiaire assez imposant (y compris chez les héros). A ce propos, la gestion de vos troupes est vraiment intéressante. Dès que l’un de vos monstres meurt au combat, il perd des points sur une jauge de moral relativement courte. Si elle tombe à zéro, votre monstre fait un burnout, et sera indisponible pendant 10 semaines (c’est long). Il vous faudra donc laisser vos troupes au repos, faire tourner vos équipes et ainsi former plusieurs escouades efficaces au combat. Par ailleurs, vous devrez sélectionner en avance quels monstres seront disponibles dans quelles salles de combat, et n’aurez donc pas accès à l’intégralité de vos troupes dans le donjon. Perso, j’ai adoré ce management et les triturages de cervelle qu’il demande.

Legend of Keeper
La gestion des équipes est vraiment un point fort du jeu.

Et le management du donjon, comment ça se passe ? Chaque semaine, votre agenda vous propose une activité, à choisir entre deux et trois propositions aléatoires. Entre autres, vous pourrez : acheter des monstres ou des pièges, entraîner vos troupes et votre maître, engager un psychologue pour remonter le moral de vos créatures, envoyer vos monstres en mission de pillage, quitte à les perdre pour plusieurs semaines… Il existe des 10 à 20 possibilités de ce type, et vous aurez en plus (presque) toujours le choix de choisir un événement aléatoire. Organisé autour d’un petit texte narratif, cet event pourra vous donner des ressources, des nouveaux monstres ou reliques, mais aussi rendre indisponible l’une de vos créatures pour un certain temps, ou enlever des PV à votre boss. A vous de voir donc, mais ces événements sont principalement positifs ou neutres. Les combats se posent environ toutes les 5 semaines et sont inévitables. Vous pourrez néanmoins choisir entre plusieurs groupes de héros, les plus balèzes donnant évidemment de meilleures récompenses. J’ai parlé de ressources ? Oui, pour assurer vos diverses améliorations de troupes et de pièges, il vous faudra de l’or (trouvé en fin de donjon), du sang (trouvé en tuant des héros) et, dans une moindre mesure, des larmes (trouvées en faisant fuir les héros). Cette quête d’argent sera votre principale préoccupation, et vos choix devront toujours être savamment pesés pour ne pas foutre votre run en l’air.

Legend of Keeper
Un exemple d’événement aléatoire laissant la place à plusieurs options.

Esthétiquement, on est sur quelque chose de correct. Le pixelart est joli, les décors et personnages sont soignés. Ça pêche un peu sur les designs, et je trouve notamment les maîtres particulièrement moches, au point d’en être risibles. Le sound design est assez efficace, même si trop répétitif et les accumulations de sons peuvent être un peu bordéliques. Enfin, l’OST est assez décevante. Les morceaux cherchent à renvoyer à quelque chose d’épique, mais pour moi ça ne prend pas.

Legend of Keeper
Certains designs de monstres sont très réussis.

Pour finir, je voudrais parler d’un gros défaut du jeu : son équilibrage. Vous allez parfois tomber sur des groupes de héros parfaitement intuables, notamment en début de run, quand vous n’avez pas encore eu les moyens de bien vous préparer. Vos monstres se font one shot, ne font pas assez de dégâts, même si vous les mettez dans les meilleures dispositions. Puisque la vie de votre boss ne remonte que très lentement après un combat, une seule de ces mauvaises rencontres peut vous foirer une run. Le sentiment d’impuissance est assez frustrant. Par ailleurs, les campagnes vous poussent à jouer d’une certaine manière, selon le matériel de base qu’elles vous donnent (ce qui est d’ailleurs très bien pour explorer les différentes manière de jouer). Le problème, c’est que le jeu peut vous troller. Quand on vous dit de jouer toute la partie sur les dégâts de nature, et que le champion de fin est une enchanteresse avec 80 % de résistance à ce type de dégâts, et bien vous allez perdre gratuitement votre partie et l’heure de vie que vous avez mis dedans. J’ai un peu pété un câble par moment.

Can you geek it ?

Yes you can !

J’ai passé un très bon moment sur Legend of Keeper. J’aime le concept, et je trouve que le gameplay fonctionne bien : le système de combat est efficace, la gestion des équipes et des ressources est pointue, le contenu important et les différentes mécaniques de jeu diversifient bien l’expérience. J’ai passé des dizaines d’heures dessus sans problèmes. Malheureusement, l’équilibrage peut vous pourrir certaines runs, et je trouve que toutes les idées auraient pu être poussées plus loin pour donner un jeu vraiment inoubliable. En tout cas, y a du mieux chez Goblinz Studios.

Le par JuanPatatos

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