Thimbleweed Park

Fan des années 80

Pour commencer

Vous ne les connaissez peut-être pas (surtout les plus jeunes d’entre vous), mais Ron Gilbert et Gary Winnick sont des légendes. Dans les années 80, ils ont créé, pour l’emblématique studio LucasArt, l’iconique Maniac Mansion, papa des point and click d’aventure. Ils auront ensuite bossé sur d’autres jeux mythiques, dont Day of the Tencule que nous avons testé sur le blog. Eh bien, quand ce duo magique se retrouve en 2017 avec la nostalgie de leurs débuts, ça donne Thimbleweek Park, un jeu qui renoue avec la tradition de ses ancêtres grandioses.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Billie Jean. C’est les années 80 bordel.

On boit quoi ?

Un Sex on the Beach, cocktail phare des années 80.

On mange quoi ?

Un hot dog, moins avarié que ceux de la cafèt du jeu, si possible.

Alors, ça dit quoi ?

Thimbleweed Park propose un contexte parfait pour ce genre de Point and Click d’aventure : l’enquête policière. Après une scène d’intro, qui fait aussi office de court tutoriel, nous faisons la rencontre des agents Ray et Reyes, des fédéraux devant résoudre une affaire de meurtre. Nous incarnerons ces deux personnages, qui semblent avoir des raisons bien personnelles d’être venus à Thimbleweed Park, petite bourgade paumée où tout le monde se connaît et où beaucoup d’habitants paraissent avoir des choses à cacher. Notre enquête nous amènera à faire le tour de la ville et de ces alentours (cirque abandonné, hôtel clinquant…) et à incarner trois autres personnages, issus de ce bled, qui donneront du corps à la complexité de l’intrigue.

Thimbleweed Park
L’enquête policière, un cadre qui marche toujours.

On retrouve le gameplay des anciens jeux de LucasArt : déplacement à la souris, 9 verbes d’action pour interagir avec l’environnement, inventaire infini en visu, curseur qui nous indique les éléments du décor. C’est old school, mais ça marche toujours bien, d’autant que nos personnages peuvent désormais courir et effectuer des actions rapides avec le clic gauche. Il manque quand même un bouton pour voir clairement les éléments interactifs, que je trouve très utile sur les Point and Click modernes. Pour avancer dans le jeu, on fouillera chaque recoin du décor pour trouver tous les objets utilisables, on rencontrera des dizaines de PNJ avec qui dialoguer et comprendre les enjeux, on visitera les différentes zones, on observera, on se creusera le crâne, on tentera diverses actions pour trouver la solution à des dizaines d’énigmes. La map du jeu est assez grande pour être variée, tout en restant assez restreinte pour être maîtrisée. Nous avons toujours un objectif principal clair, avec de multiples problèmes secondaires qui se dresseront sur notre chemin. Chacun de nos personnages à sa propre To do list pour faire le point sur ce que l’on doit accomplir, autre modernisation notable du gameplay. Les énigmes du jeu sont bien pensées et bien intégrées au contexte scénaristique. On se sent impliqué. Mention spéciale à l’annuaire et aux différentes énigmes à résoudre via le téléphone, c’est vraiment bien trouvé.

Thimbleweed Park
Vous avez besoin de cette carte. Il faudra trouver un moyen de distraire la journaliste pour la prendre.

Le jeu est assez dur pour nous résister, mais n’est pas si compliqué que ça (en comparaison d’un Monkey Island par exemple). Presque toutes les énigmes reposent sur une logique implacable, et demande de la perspicacité et un poil d’imagination. En cas de galère, un système de soluces est directement intégré In-game via un numéro de téléphone. Et, plutôt que de balancer la solution directement, le jeu nous donne une succession d’indices pour nous pousser à réfléchir. C’est franchement intelligent comme manière d’accompagner le joueur. Par contre, je dois revenir sur cette idée bizarre d’avoir intégré un mode facile. En gros, c’est l’aventure classique, mais avec des énigmes en moins et carrément des morceaux entiers du jeu qui disparaissent. Il y a plein d’objets et de PNJ qui ne servent plus à rien, et c’est déstabilisant. Ce mode est trop simple et dénature complètement l’aventure. L’envie de rendre le jeu accessible est louable, mais je ne pense pas que ce soit la bonne solution.

Thimbleweed Park
Les développeurs savaient que beaucoup de joueurs finiraient par mater des soluces sur internet. Ils ont préféré prendre les devants. Malin.

La gestion des 5 personnages est assez simple, puisque l’on passe de l’un à l’autre en un clic. Il manque juste un moyen rapide de se donner des objets entre eux, pour éviter de les faire se rejoindre à chaque fois. Chacun d’eux à une personnalité bien marquée et ses propres dialogues, même si les réponses des PNJ restent globalement les mêmes. Ils ont tous des objectifs similaires et des objectifs propres. Si l’on peut faire la plupart des actions avec n’importe lequel d’entre eux, il faudra parfois comprendre quel personnage doit effectuer telle action ou parler avec tel PNJ. Ça rajoute un peu de complexité aux énigmes, et nous force surtout à bien saisir le contexte global de l’aventure. Ces personnages sont tous attachants, voire charismatiques, et on prend plaisir à les jouer. Perso, j’ai adoré le cynisme de l’agent Ray.

Thimbleweed Park
Ransome le clown, ce gros *bip*

Comme ses prédécesseurs, Thimbleweed Park est très drôle. Les dialogues sont fins, appuyés par des doublages parfaits, et les situations absurdes font sourire. Il y a énormément de référence à la pop culture, et aux propres jeux de LucasArt. Le jeu casse très régulièrement le 4ᵉ mur pour nous amuser, mais se servira aussi de ce procédé de manière bien plus profonde (no spoil). Dans le même temps, Thimbleweed Park sait nous faire frissonner par moments. Il règne toujours une atmosphère mystérieuse et inquiétante sur la ville. Certains lieux dégagent une impression de solitude et de malaise très réussie. On se sent toujours observé, en danger, quand bien même nos personnages ne peuvent pas mourir. J’ai aimé ce parti pris sombre et mélancolique. L’émotion ressentie à la fin du jeu n’en est que plus forte.

Thimbleweed Park
Je sais que la chute du 4e mur est devenu un truc un peu cliché. Mais c’était une spécialité de LucasArt, et les dév la maitrise toujours bien.

Enfin, Thimbleweed Park est vraiment beau. Le pixel art est magnifique, les décors sont très détaillés, les couleurs et les effets de lumière sont superbes. Le sound design cartoonesque est un plaisir, et l’OST est très réussie, jouant particulièrement sur l’ambiance pesante du jeu.

Can you geek it ?

Yes you can !

Pour conclure, on retrouve tout ce que l’on aime dans un Point and Click d’aventure : un scénario intriguant, des énigmes bien ficelées, des bonnes idées, une atmosphère mystérieuse, des dialogues tordants, une DA maitrisée. Le gameplay a un peu vieilli, mais rien de grave. Quel plaisir de replonger dans cette période dorée du jeu d’aventure !

Le par JuanPatatos

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