Faster Than Light

Ça veut dire Plus rapide que la lumière. Ne me remerciez pas.

Pour commencer

En tant que grand fan de Roguelike (viendez lire mes articles !), il fallait absolument que je joue à ce monstre qu’est FTL : un jeu qui ne semble pas vieillir malgré ses 11 ans, un pionnier du jeu indé, un monument à 95 % de notes positives sur Steam… C’est désormais chose faite, même si j’écris ce test en étant loin du 100 % de complétion.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Flying Lotus – 1983. Ce morceau me fait carrément penser à l’OST du jeu.

On boit quoi ?

Un Astronaut, cocktail à base de rhum et de vodka.

On mange quoi ?

Des trucs d’astronautes. Genre un steak irradié, avec des œufs brouillés à réhydrater.

Alors, ça dit quoi ?

FTL est un jeu de stratégie en temps réel qui se déroule dans l’espace, à bord d’un vaisseau spatial. Nous faisons partie de la Fédération Galactique, qui est au bord de l’effondrement suite à une défaite contre les forces rebelles. Nous avons intercepté des données ennemies décisives pour l’issue de la guerre, et devons traverser la galaxie pour les apporter au QG, et détruire le vaisseau-amiral ennemi. Pour ce faire, on passera par une petite dizaine de systèmes spatiaux et nébuleuses différents, contrôlés pour des races plus ou moins amicales. Rien de plus à dire sur le scénario, qui n’est pas central dans ce jeu.

Le jeu est assez complexe et le didacticiel est essentiel. Il est d’ailleurs plutôt réussi. Nous gérons notre vaisseau en vue de dessus, et l’interface, bien que chargée, nous permet d’avoir toutes les infos d’un coup d’œil. Notre navire dispose de plusieurs salles, qui accueillent des systèmes (armes, boucliers, oxygène, infirmerie…), et des sous-systèmes (cabine de pilotage, hacking…). Pour que ces systèmes fonctionnent, on doit les alimenter avec de l’énergie. Plus un système est amélioré, plus il demande d’énergie pour fonctionner à plein régime. Les boucliers deviennent plus puissants, on peut équiper plus d’armes, notre pourcentage d’esquive augmente… L’énergie n’est pas illimitée, et il faudra souvent choisir quel système l’on veut alimenter, quitte à en couper certains momentanément. Améliorer des systèmes et se fournir de l’énergie coûte de l’argent. Trouver les ressources nécessaires et bien choisir les systèmes à améliorer, tout en s’assurant que l’on ait assez d’énergie pour les alimenter, est le début du grand casse-tête que constitue FTL. Autre point important, on commence l’aventure avec un équipage, qui servira à s’occuper des systèmes, à réparer les dégâts faits à ces systèmes, et qui pourra se battre lors des abordages. On peut recruter de nouveaux membres au cours de la run, mais aussi en perdre puisque nos bonhommes ont une barre de PV et sont parfaitement mortels. Enfin, notre vaisseau dispose d’une barre de vie, qui encaisse quand on se fait tirer dessus sans bouclier. Notre équipage ne peut pas réparer la coque du vaisseau et donc remonter les PV.

Faster than light
Notre vaisseau en début de run. L’interface va vite devenir familière.

On traverse chaque système spatial via une map qui nous montre les zones à explorer. Ces lieux sont reliés entre eux, et on ne peut atteindre que ceux qui sont proches de notre localisation. On avance donc petit à petit, en choisissant notre itinéraire. Chaque zone nous accueille avec un écran fixe et différents événements, qui nous demanderont régulièrement de faire des choix : aider ou non un vaisseau en détresse, inspecter ou non un champ d’astéroïdes, combatte un vaisseau ennemi ou l’esquiver, accepter une quête à l’autre bout du système… Selon nos choix, on va gagner des ressources, recruter de nouveaux membres, mais on peut aussi prendre des dégâts ou perdre des hommes. Il faudra bien considérer le risque à prendre à chaque choix. Il faut noter que les combats sont souvent inévitables.

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Il faudra explorer un max de zones avant que la flotte rebelle ne nous rattrape.

Pour se déplacer d’un lieu à un autre, il faut une ressource essentielle dans le jeu : le carburant. Il faudra bien se débrouiller pour avoir assez de carburant pour ne pas tomber en panne, mais explorer le plus de zones possibles. Autre contrainte : la flotte rebelle vous pourchasse, interdisant l’accès à une partie de plus en plus large de la carte. Vous devez avoir atteint la sortie avant qu’ils ne vous tombent dessus. Il faudra bien réfléchir à comment maximiser son itinéraire. Des boutiques vous permettront de réparer votre vaisseau, d’acheter des armes, systèmes, recrues, améliorations ou consommables. On va souvent rechercher ces lieux avec impatience. On note que certains systèmes spatiaux sont amicaux (il y aura quand même des combats, mais moins), d’autres hostiles, plus dangereux mais plus rémunérateurs. Certaines zones peuvent également avoir des particularités : nébuleuses qui bloquent notre vision, champs d’astéroïde harcelant nos boucliers, tempêtes solaires provoquant des incendies dans le vaisseau… Combattre dans ces environnements est toujours risqué.

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Combattre dans un champ d’astéroïde peut être dangereux. La preuve en image.

Parlons des combats. On va régulièrement se confronter à des vaisseaux ennemis qui fonctionnent comme le nôtre. Ils ont leurs systèmes, leurs armes, leurs PV. On devra passer à travers leurs boucliers (presque tous les vaisseaux en ont un) pour atteindre leur coque. Plusieurs types d’armes sont à notre disposition : certaines traversent le bouclier ennemi mais demandent des consommables pour être utilisées, d’autres font de gros dégâts mais ne marchent que s’il n’y a plus de bouclier, d’autres encore n’attaquent que les systèmes et l’équipage ennemi… Nos armes ont des cooldowns et il faudra sélectionner attentivement les systèmes que l’on veut focus au début du combat : bouclier pour atteindre son but plus facilement, armes pour rendre l’ennemi inoffensif, oxygène pour faire suffoquer l’équipage adverse… Des systèmes à vocation belliqueuse peuvent être ajoutés à votre vaisseau : camouflage pour être temporairement inciblable et gagner un temps précieux, déploiement de drones d’attaque ou de défense en utilisant des consommables, téléporteur envoyant vos hommes à l’abordage… Les possibilités sont multiples, même si on se rendra compte que certaines tactiques marchent mieux que d’autre. On note qu’il est également possible de fuir, tant que nos moteurs sont en état de marche. Il faudra tenir le temps que notre charge de décollage se remplisse. Je mentionne aussi le menu pause, accessible avec la simple barre d’espace, qui permet de planifier nos actions posément. En effet, on peut vite être surchargé quand on a des intrus à bord, une partie de notre vaisseau à réparer et un vaisseau ennemi à abattre.

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Choisir quels systèmes attaquer en priorité est essentiel

Petit point sur l’équipage. Il existe 6 races différentes dans FTL, chacune ayant ses propres particularités. Certaines combattent mieux, d’autres réparent mieux, d’autres encore vous apportent une barre d’énergie supplémentaire. Toutes n’ont également pas le même nombre de PV. Quand un membre occupe un système, il l’upgrade ou l’aide à mieux fonctionner. Par exemple, un homme au moteur augmentera le pourcentage d’esquive du vaisseau. Nos troupes gagnent de l’expérience et deviennent de plus en plus efficaces. À chaque esquive effectuée par notre vaisseau, notre membre d’équipage va gagner de l’expérience dans cette compétence. Dès qu’il passe un niveau, on augmente notre pourcentage d’esquive global, tant que qu’il reste à son poste. La logique est la même pour réduire les cooldowns des armes ou des boucliers. On va donc faire bien attention à ne pas perdre nos meilleures troupes et les éloigner des combats le plus possible.

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Un équipage au complet. Je précise que j’ai pas choisi les noms.

FTL a un contenu gigantesque, qui garantit de nombreuses heures de jeu. Déjà, et on y reviendra, c’est un jeu très difficile. Le finir en mode facile devrait déjà vous occuper un bon moment. Ensuite, il existe une dizaine de vaisseaux à débloquer, à travers des quêtes spécifiques à accomplir lors de nos runs, ou en finissant le jeu. Ces vaisseaux ont tous des starters différents au niveau des armes, de l’équipage, des systèmes disponibles. Le gameplay est donc fortement impacté et son renouvellement est réel. De plus, il existe trois missions à terminer avec chaque vaisseau pour en débloquer de nouvelles versions. Sachant qu’un run complète dure entre 1 et 2 heures, ce sont des dizaines, voire centaines d’heure de jeu qu’il faut pour terminer FTL à 100%.

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Les différents vaisseaux renouvellent bien l’expérience de jeu, surtout en début de run.

Maintenant qu’on a parlé de tout ça (je précise que je n’ai pas pu tout détailler, c’est trop long), voici mon avis. Je pense que FTL est un jeu passionnant, avec une vraie capacité addictive. Le didacticiel nous lance dans l’aventure sans tout nous dire, et c’est à nous de nous servir de nos échecs pour comprendre toutes les zones d’ombre du jeu, expérimenter des stratégies, et s’améliorer constamment. FTL demande un double sens de la gestion. Macro, dans la manière dont l’on va gérer l’entièreté de la run : comment dépenser notre maigre pécule (améliorations, équipage, systèmes supplémentaires ?), quels systèmes améliorer, quelles armes acheter, comment optimiser au mieux mon itinéraire, quels risques prendre sur les événements à choix… Et micro : gérer les abordages, focus les bons systèmes ennemis selon ses forces, réparer mon vaisseau sans délaisser mes systèmes importants pour combattre, utiliser l’ouverture des portes pour asphyxier mon propre vaisseau et éteindre un incendie… La surcharge cognitive nous donne l’impression d’être un vrai général au combat. Il y énormément de petites tactiques à apprendre et c’est un plaisir d’avancer toujours plus loin et d’enfin triompher.

Faster than light
Il faudra du sang froid pour sortir de certaines situations mal embarquées.

Pourtant, je ne pense pas que FTL soit le chef-d’œuvre décrit partout. Principal défaut, la difficulté. Je ne ferai pas partie des gens qui crachent sur le jeu en disant qu’il est injouable. Avec de l’entraînement, on peut arriver au bout. Mais FTL est quand même super punitif. Il peut être très frustrant de perdre plusieurs runs bien engagées sur un combat qui se passe mal. La RNG peut être cruelle, avec des événements qui pourrissent votre partie, des boutiques qui ne vous proposent pas les bonnes armes, des vaisseaux ennemis qui esquivent toutes vos attaques. En mode difficile, le jeu devient carrément injuste. Un poil d’équilibrage en faveur du joueur ne ferait pas de mal. Je trouve qu’il y a aussi des éléments de game design vraiment discutables. Notamment, le fait que le jeu nous propose d’esquiver des combats, par des choix de dialogues ou des objets et succès qui nous y incitent. En effet, pour être assez fort en fin de game et battre le boss final, il faut avoir accumulé le plus de richesses possible. Cela passe pour le fait de combattre le plus possible. Le fait que le jeu nous induise en erreur n’a aucun intérêt, et fait perdre beaucoup de temps sur la compréhension du jeu lors des premières runs.

Faster than light
Ce genre d’événement peut vous plomber une partie

Pour finir ce test trop long que vous ne lisez certainement plus, l’OST du jeu est géniale, accompagnant notre aventure dans le calme, la plénitude, avec quelques notes d’excitation pendant les combats. Certains passages me font bouger la tête à chaque fois. Le sound design est très propre, en plus d’être essentiel à la bonne compréhension du jeu (les alarmes vous sauveront la vie plusieurs fois). Les graphismes ne sont pas terribles, notamment les décors qui auraient mérité mieux, mais c’est lisible et largement suffisant pour apprécier le jeu.

Can you geek it ?

Yes you can !

Pour conclure, FTL est un bon Roguelike, et un bon jeu de stratégie. Le contenu important, la tension des runs, la courbe d’apprentissage gratifiante donnent envie de relancer des parties. Le nombre d’éléments à gérer, autant sur l’entièreté de la run que sur les combats fiévreux, amènent à une stimulation constante et satisfaisante. Malheureusement, un équilibrage cruel et des choix de game design étranges noircissent un peu le tableau. Je recommande quand même, pour qui n’a pas peur de souffrir en jouant.

Le par JuanPatatos

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