Shovel Knight

L’appel de la pelle

Pour commencer

Enfant unique du studio américain Yacht Club Games (qui surfe sur cette licence depuis presque dix ans), Shovel Knight a largement fait son trou dans le petit monde du jeu indépendant. Voyons si c’est mérité. Je précise que ce test concerne l’aventure originale (Shovel of Hope), mais j’aborderai rapidement les extensions qui forme le package Treasure Trove.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

The Shovel Song bien sûr. Si si, ça existe.

On boit quoi ?

L’élixir du roi Carpomme. Un jus de pomme quoi.

On mange quoi ?

Des coups de pelles.

Alors, ça dit quoi ?

Shovel Knight est un Action Plateformer 2D, au look et au game design résolument rétros. On y incarne donc Shovel Knight qui, comme son nom l’indique, est un chevalier armé d’une pelle. Suite à la disparition de sa compagne Shield Knight au cours d’une expédition, notre héros s’est retiré de sa vie d’aventures. En son absence, L’Enchanteresse, une sombre magicienne épaulée d’une équipe de mercenaires, sème la terreur. Shovel Knight reprend sa pelle et devra affronter un à un tous les chevaliers à la solde de la sorcière avant de pouvoir l’atteindre dans sa tour noire. Le scénario est très simpliste et n’a pas grand intérêt, malgré de faibles tentatives pour créer la surprise. Pas très grave en soi.

Shovel Knight
Instant WTF

Car c’est bien le gameplay qui présente l’intérêt principal de Shovel Knight. L’idée est de s’inspirer des classiques du genre sur NES. On rentre dans des niveaux via une mappemonde (comme dans les vieux Mario), et l’on doit les traverser jusqu’à arriver au boss. Je précise que tous les niveaux ont une identité bien marquée et qu’ils sont esthétiquement réussis, même si peu originaux (cadres aquatiques, volcaniques, enneigés…). On les parcourt globalement de gauche à droite, mais il y a des variations et de la verticalité dans le level-design. La plateforme prend une place centrale dans le jeu, et sera la raison principale de vos morts. Shovel Knight est exigeant et vous allez recommencer certains passages un paquet de fois avant de les franchir. Il y a plusieurs check point par niveaux, auxquels vous réapparaissez après un échec, souvent placés avant un moment difficile. À savoir qu’un saut dans le vide est fatal, ainsi que le moindre contact avec les nombreuses piques placées un peu partout. Les phases de plateforme de Shovel Knight sont astucieuses et vous demandent dextérité et réflexion. Le gameplay se renouvelle tout au long du jeu et chaque niveau possède des particularités bien trouvées qui enrichissent l’expérience de jeu. Les nouvelles mécaniques s’intègrent naturellement grâce à un gamedesign malin. La maniabilité du personnage est fluide et ne souffre d’aucune inertie, le saut fonctionne bien, et la faculté de rebondir avec sa pelle sur les ennemis ou certains éléments du décor agrémente encore le gameplay.

Shovel Knight
Shovel Knight propose des phases de gameplay très variées

Côté action, les choses se compliquent. Le jeu nous propose deux types d’attaques : les coups de base portés de face ou le rebond sur les ennemis. Si le rebond a un vrai intérêt ludique, la portée de l’attaque de base est assez courte et compliquée à appréhender, d’autant que notre personnage recule quand il touche un ennemi. Le bestiaire est large et varié, les paterns des ennemis sont diversifiés, mais je trouve peu d’intérêt aux combats. Les contrôles ne sont pas assez travaillés, les coups pas assez variés, les moyens d’esquive trop limités. Je sais que c’est rétro, mais je n’y ai pas pris un grand plaisir. Plus dur à accepter : notre personnage subit un violent recul quand il prend un coup. Il est donc fréquent de tomber dans le vide après avoir été touché par un monstre à la con. C’est très agaçant quand ça arrive, d’autant que c’était clairement le but des développeurs. Un mot sur les combats de boss. Chacun d’eux a une personnalité propre et leur design sont toujours réussis. C’est moins bon au niveau des fights. Encore une fois, les contrôles simplistes n’aident pas à dynamiser et à rendre prenantes ces phases de jeu. Les paterns ne sont pas toujours très originaux, voire inspirés, et les boss aux mouvements aériens sont insupportables pour notre personnage. Pour autant, la difficulté n’est pas tellement au rendez-vous et ces combats manquent d’exigence. Certains sont tout de même plus réussi, et nous font vivre un duel tendu.

Shovel Knight
Chaque boss vous sortira son petit laïusse avant le combat.

Vrai point fort de Shovel Knight, le jeu dispose d’un large contenu et de beaucoup d’objectifs annexes qui challengent le joueur. La mappemonde ne contient pas que des niveaux principaux avec un boss, mais également des petits niveaux annexes pensés autour d’une mécanique particulière, des miniboss qui se promènent sur la carte, et des villages dans lesquels vous pourrez interagir avec des PNJ. Les niveaux sont pleins de surprises, de passages secrets et de zones difficiles à atteindre sans une grande maîtrise du jeu. Cette incitation à l’exploration est vraiment bienvenue et brise l’aspect « couloir » du leveldesign. Les récompenses peuvent prendre plusieurs formes. Argent, que l’on peut dépenser pour acheter des potions, des attaques améliorées ou des armures avec des bonus sympas. À noter qu’à chaque mort, on perd une partie de notre pognon, que l’on peut récupérer sur les lieux de notre décès, sauf si l’on meurt de nouveau avant. Ça met une certaine pression sur les passages difficiles et rend l’échec punitif. On trouve aussi des partitions (particulièrement dures à dénicher), que l’on vend à un ménestrel du village, qui peut ensuite nous jouer ces morceaux quand on le souhaite (bonne manière de mettre en valeur l’OST). Enfin, on peut trouver et acheter divers pouvoirs, utilisables avec une jauge de mana, qui diversifieront le gameplay, et pourrons améliorer les combats. C’est une bonne idée, mais certains pouvoirs sont trop puissants et cassent un peu le jeu. On aura tendance à en surutiliser quelques uns, et à complètement oublier les autres.

Shovel Knight
Un bouclier permet de marcher temporairement sur les piques. Ça casse le jeu.

Côté esthétisme, on est sur du rétro pur et dur : pixelart basse résolution, musiques 8bits, sound design extravagant. Les graphismes manquent forcement de finesse, mais les couleurs sont belles, les personnages bien dessinés et les décors très corrects. C’est beau à voir quoi. Le sound design est parfait à mon sens, collant exactement à l’esprit du jeu et reflétant un travail pointilleux. Enfin, l’OST est une des forces du Shovel Knight. Ça transpire l’esthétique NES, les mélodies sont efficaces, et ça plaira forcément aux amoureux de ce style. Malheureusement pour moi, ça n’est pas vraiment ma came. Ça reste du beau travail. Enfin, le ton léger et rigolo de l’aventure est bienvenue et colle à l’enthousiasme apporté par l’environnement sonore.

Shovel Knight
Dans son style, c’est très beau.

Enfin, un petit mot sur les aventures supplémentaires que l’on peut découvrir avec Treasure Trove. Les extensions proposent 3 (!) nouvelles aventures originales : Plague Knight et son histoire d’amour touchante, qui reprend l’aventure de base avec un perso moins maniable, mais possédant de nombreux atouts avec ses multiples potions. Specter Knight qui propose de jouer une triste quête vengeresse dans un préquelle avec des niveaux originaux et un gameplay dynamique HYPER agréable. Et enfin King Knight, qui possède aussi ses propres niveaux, des contrôles intéressants, et surtout tout un concept autour d’un jeu de cartes original et drôlement bien foutu. Franchement, ça vaut le coup. J’ajouterai que chaque aventure dispose d’un mode difficile une fois qu’elle est terminée, qu’il existe un mode combat qui ressemble à un Smash Bros, et qu’un autre mode propose dans dizaines de défis qui vous demanderont de maîtriser parfaitement les mécaniques du jeu. Oui, Shovel Knight sied parfaitement aux tryharders.

Can you geek it ?

Yes you can !

En conclusion, c’est un oui pour plusieurs raisons évidentes. Shovel Knight est un jeu de plateforme intelligent, qui sait se renouveler tout au long de son aventure, qui propose de nombreux secrets à découvrir et qui rend un hommage très propre aux classiques de la NES. Notons tout de même de vilains défauts, entre des combats fadasses et certains éléments de gamedesign vieillots. Je conseille vivement les extensions, qui contiennent des aventures meilleures que l’originale.

Le par JuanPatatos

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