Papers, Please

Douane Simulator

Pour commencer

Marre de votre métier cool et épanouissant ? Envie d’essayer un taf ingrat, dangereux et sous-payé ? Papers, Please est fait pour vous ! Sorti en 2013, ce Point and Click a bouleversé son petit monde avec un concept original servi sur un univers dystopique. Bienvenue au Arstotzka.

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Pour se mettre en condition

On écoute quoi ?

Jour de la Victoire, de David Tukhmanov, un chant à la gloire de la Russie soviétique.

On boit quoi ?

Une vodka bas de gamme, type Poliakov, tiède et en shooters.

On mange quoi ?

Un gratin de pomme de terre à la russe (oui ça existe), à partager en famille

Alors, ça dit quoi ?

Une musique pesante, morne, au rythme militaire. Un aigle rouge, les ailes écartées, porté en étendard au-dessus d’un titre écrasant, écrit de larges lettres aux relents soviétiques. Pas de doute : dès l’écran d’accueil, Paper Please nous plonge dans son univers dystopique. Vous incarnez un nouvel employé des douanes du poste-frontière de Grestin-Est, ville de la fictive et autoritaire Arstotzka. Le contexte est tendu, entre une guerre qui vient de se terminer avec un pays voisin et des tensions internes au pays. Vous serez en charge d’accepter ou non l’accès au territoire à des dizaines de personnes en quête d’asile, en fonction des directives de vos supérieurs, mais aussi de votre libre-arbitre.

Papers, Please
Les actualités quotidiennes vous seront données par la très patriotique Voix de l’Arstotzka.

Papers, Please est un Point and Click au gameplay minimaliste. En effet, la quasi-intégralité du jeu se déroulera sur le même écran, divisé en trois parties : une vue de l’extérieur du poste-frontière, une fenêtre ouvrant sur vos interlocuteurs, et un bureau sur lequel vous disposerez la paperasse. Le concept est lui aussi plutôt simpliste. Une queue interminable de personnes souhaitant entrer en Arstotzka défilera devant vous. Vous analyserez la validité des informations données sur les documents d’identité réclamés pour entrer sur le territoire, et prendrez en compte les consignes données quasi-quotidiennement par votre hiérarchie. Après votre examen, vous accepterez ou non la requête du visiteur et passerez au suivant. J’ai conscience que ça peut paraître ennuyant au premier abord. Mais Papers, Please a beaucoup de cordes à son arc pour rendre ces contrôles d’identité passionnants.

Papers, Please
De nouvelles consignes renouvellent constamment le gameplay.

Pour commencer, les consignes évoluent en permanence et on ne reste jamais dans sa zone de confort. Si lors de la première journée, on devra bêtement faire entrer les citoyens du pays et refuser les ressortissants étrangers, sur la seule base d’un passeport, tout va évoluer très vite. Chaque matin, une nouvelle règle tombera. Les documents demandés seront de plus en plus nombreux, et il y aura de plus en plus d’informations à comparer pour détecter les fraudes : noms, sexe, numéro de passeports, date d’expiration… Vos interlocuteurs pourront mentir sur leurs poids, leur taille, la raison et la durée de leur séjour. On devra parfois prendre des empreintes digitales ou exercer des fouilles. Les documents demandés seront différents selon le motif de la visite ou la provenance géographique de la personne. Dès le deuxième jour, les étrangers pourront de nouveau traverser la frontière, et il faudra vérifier que la ville d’émission du passeport correspondent bien à l’une des sept nations fictives du jeu. Pour nous aider, un carnet regroupe les informations nécessaires au bon déroulement de la journée : règlement en vigueur, carte du monde avec noms des pays et des villes… Toutes ces données à ingérer amènent à une surcharge cognitive stimulante.

Papers, Please
Bon, j’avoue que cet exemple n’est pas le plus subtil…

Mais la quantité d’informations ne suffit pas, Papers, Please y ajoute une dose de stress. Vos journées sont limitées dans le temps, et votre salaire dépendra du nombre de cas que vous aurez traités. Car oui, votre boulot est payé et vous avez une famille à nourrir. Chaque soir, vous recevrez un compte-rendu sur vos finances (salaire, loyer, économies…) et sur l’état de santé des membres de votre famille. À partir de là, vous pourrez choisir de payer le chauffage et la nourriture pour la soirée, sachant que ne pas le faire entraînera des complications sur la santé de vos proches. Pour faire court, plus vous traitez de cas dans la journée, moins vous avez de problèmes le soir. Mais il s’agit de ne pas faire n’importe quoi. Faire entrer une personne qui n’est pas en règle vous vaudra un avertissement. À partir du troisième de la journée, c’est l’amende systématique, et l’angoisse de les collectionner. À l’inverse, vous serez puni si vous refusez une personne valable, et le jeu vous obligera rapidement à justifier vos refus en mettant en relation deux informations non-cohérentes. Il faudra donc être rapide et efficace, organiser au mieux votre petit plan de travail pour gagner en vitesse, et garder la tête froide en exerçant ces actions, car tout se fait manuellement, de la récupération des documents aux coups de tampon.

Papers, Please
Votre plan de travail peut vite devenir un gros bordel

Mais Papers, Please ne se résume pas à un simple jeu d’observation et de vitesse. Vos décisions seront aussi motivées par votre libre-arbitre, et les dilemmes moraux seront nombreux. Vous serez pris en étau entre votre employeur autoritaire aux règles absurdes (mais qui vous nourrit), une mystérieuse organisation rebelle demandant votre aide, ou des personnages avec d’autres revendications. Vous ferez face à des personnes n’ayant pas les bons documents et suppliant d’entrer pour rejoindre leur famille ou pour leur propre survie, sachant que chaque bonne action vous vaudra un avertissement. Votre poste se situe sur un point névralgique du conflit qui vient de prendre fin avec le pays voisin, et sera régulièrement victime d’attaque. Vous aurez la possibilité de faire arrêter des gens plus ou moins arbitrairement pour gagner plus d’argent. D’accepter ou non des pots-de-vin. Jour après jour, vos choix feront évoluer la partie, amenant différents protagonistes à votre porte, déclenchant différents événements. Après une trentaine de jours, et si vous n’avez pas subi l’un des nombreux game-over, vous débloquerez l’une des trois fins du jeu, qui possède donc une certaine rejouabilité.

Papers, Please
Certains personnages seront récurrents dans l’aventure

Papers, Please est également un jeu immersif malgré sa sobriété. Tout est gris et morne, et il n’y a pas de musique hormis celle de l’écran titre. Le visage de vos interlocuteurs transpire la misère et la tristesse, bien rendues par un pixel art brut. Les dialogues sont courts mais poignants, entre les menaces et les supplications. Le sound design met en valeur l’austérité de votre cadre de travail, entre les bruits de paperasse, le lourd store métallique de votre poste et votre voix, non moins froide, quand vous appelez une nouvelle personne via le mégaphone. Tous les détails de votre espace de travail le rendent crédible, le fait de tout faire manuellement est très impliquant. L’impression d’évoluer dans un monde global et cohérent fonctionne bien, grâce à la map-monde, aux différents pays avec leurs propres villes et symboles, aux histoires qui lient ces nations et au journal patriotique que vous recevez chaque matin, relatent l’actualité sur un fond de propagande et de xénophobie. Bref, ce jeu est un modèle d’immersion avec des petits moyens.

Can you geek it ?

Yes you can !

Papers, Please est donc un alien, un jeu difficile à classer tant son concept est unique. Malgré le doute légitime que l’on peut avoir au premier abord, on se laisse complètement absorber par ce challenge d’observation et de rapidité. Mais plus que ça, Papers, Please narre une histoire sombre et interactive à plusieurs fins, dans un univers profondément immersif. Sincèrement, bravo.

Le par JuanPatatos

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