Pour commencer
Don’t Starve Together est l’extension multijoueur du jeu de survie Don’t Starve, du studio canadien Klei. Comme souvent, je n’ai pas beaucoup joué à la version solo, mais j’ai fait le multi avec un pote. À savoir que les deux versions sont sensiblement similaires, ce test vous éclairera donc sur le jeu de base également.
Pour se mettre en condition
On écoute quoi ?
Sally’s Song, de la BO de l’Étrange Noël de Monsieur Jack.
On boit quoi ?
Un jus de baie. Vous en trouverez partout.
On mange quoi ?
Boulettes de viande, la meilleure recette du jeu.
Alors, ça dit quoi ?
La première chose qui saute aux yeux quand on démarre Don’t Starve, c’est sa direction artistique brillante. Les dessins cartoonesques et gothiques, les musiques mélancoliques et loufoques, l’atmosphère onirique et tourmentée : on est plongé en plein film de Tim Burton. Les graphismes sont superbes, les animations donnent vie et crédibilité à la faune peuplant ce monde mystérieux, et la texture des sols est soyeuse : on a envie d’acheter le jeu juste pour son esthétique. Le sound design n’est pas en reste, entre feedbacks satisfaisants pendant le farm et le craft, et expressions adorables ou flippantes des créatures. Chaque personnage jouable a également sa propre voix, traduite par un instrument de musique. Cette idée est géniale, puisque qu’elle donne de la personnalité aux héros tout en restant dans l’abstrait.
Don’t Starve Together est un Roguelike de survie en vue de dessus et en temps réel. Projeté dans un monde mystérieux et hostile, notre unique but sera de rester en vie le plus longtemps possible. À noter qu’il existe un scénario dans la version solo, mais pas dans la version multi. Deux sentiments nous envahissent dès nos premiers pas : la liberté et la confusion. Nous n’avons aucune indication claire sur ce que l’on doit faire, et le jeu nous laisse nous promener où l’on veut, sans contraintes. Un système de craft facile à aborder nous permettra de fabriquer instinctivement nos premiers objets : hache, torche, feu de camp… Les contrôles sont simples malgré le nombre d’actions possibles, une même touche nous permettant à la fois de ramasser des ressources au sol, de couper un arbre ou encore d’attaquer. Notre vue sera vite attirée par les trois jauges en haut de l’écran, correspondant à la faim, aux PV et à la santé mentale de notre personnage. On remarquera rapidement que la jauge de faim baisse constamment et que la jauge de folie baisse de manière contextuelle : obscurité, climat défavorable, présence d’ennemis… Il faudra évidemment trouver un moyen pour vous nourrir régulièrement et pour détendre vos personnages, sous peine de voir vos PV baisser à leur tour.
Don’t Starve Together est un jeu de type bac à sable, c’est-à-dire un jeu qui nous donne une grande liberté pour atteindre notre objectif de survie. La map est immense, composée aléatoirement avec différents biomes ayant leur propre faune, flore et ressources, et l’on peut la parcourir librement. Les possibilités de craft sont très nombreuses. Armes et armures, habits, outillage, mobilier, recettes de cuisine, objets « déstressants »… Les ressources sont également variées et peuvent souvent s’obtenir de différentes façons. On peut ainsi envisager différents gameplay, de l’astucieux au bourrin. Petit à petit, on va construire un camp bien aménagé, fabriquer le nécessaire à notre survie, cultiver nos fruits, et nous approcher de l’autonomie. Il existe différents objets ayant relativement la même fonction et qui apportent donc de la diversité au craft. Les interactions avec l’environnement sont nombreuses, logiques ou inattendues, et ouvrent le champ des possibles. Il existe des dizaines de mécaniques subtiles et je n’en connais sûrement pas la moitié. Vos outils vous permettent de couper du bois, briser des rochers, de déterrer des plantes… Ces objets ont une durabilité qui vous oblige à devoir anticiper leur remplacement. On a toujours quelque chose à faire en urgence ou à prévoir pour la suite, et l’on passe son temps à courir partout pour récupérer des ressources, devant parfois faire de vraies expéditions depuis sa base pour atteindre un biome précis. Cette hyperactivité est stimulante.
Si le jeu vous impose ce rythme soutenu, c’est qu’il vous mettra constamment des bâtons dans les roues, et ne vous laissera jamais longtemps dans une zone de confort. Pour commencer, le temps passe selon un cycle jour/nuit. Il est impossible de se promener de nuit sans source de lumière (je vous laisse découvrir pourquoi =D), et le bois devient une ressource vitale comme la nourriture. Votre environnement est plein de surprises et il est globalement hostile. Tout est susceptible de vous taper sur la tronche, de vous empoisonner, ou autre. Trouver les bonnes ressources pour réussir à se nourrir correctement et à éviter la folie prend déjà un certain temps. Comprenez par là de nombreuses morts avec, Roguelike oblige, un retour à zéro. On peut aussi parler de différents événements qui vous tombent dessus sans prévenir, comme une horde de chiens qui vous attaquent en pleine nuit ou un monstre gigantesque qui cherche à détruire votre camp.
Mais ce n’est pas tout. L’écoulement du temps se concrétise sous forme de journées qui s’enchaînent. Au bout d’une vingtaine de jours, alors qu’après de nombreux échecs, vous arrivez enfin à tenir le coup, votre confortable automne se meurt pour laisser place à un hiver glacial. Plus rien ne pousse, des animaux jusque-là pacifiques vous attaquent, et vous mourrez de froid si vous n’avez pas crafté d’habits chauds. Heureux ? Même logique pour l’été et le printemps, avec différentes problématiques : sécheresse qui abîme les plantations, nourriture qui pourrit plus vite, feux instantanés pouvant détruire votre camp, pluie qui déprime vos personnages s’ils ne sont pas équipés, disparition d’animaux sur lesquels vous comptiez pour manger… En plus de survivre à la saison que l’on affronte, on devra toujours travailler à préparer la prochaine, en s’équipant, ou en stockant de la bouffe. En bref, Don’t Starve est très dur, extrêmement punitif, et vous demandera de la patience pour apprendre et passer ses écueils. Tout ceci rend les premières parties très excitantes. On ne s’ennuie jamais, on apprend constamment, et l’on ressent toujours une appréhension vis-à-vis de l’avenir, même quand tout semble bien aller.
Pour vivre toutes ces péripéties, on pourra choisir entre différents héros. Hormis le premier, qui n’a ni défauts, ni réelles qualités, tous ont des points positifs et négatifs bien marqués. Celle qui débute avec un objet ultra pratique, mais qui fout le feu quand elle est stressée. Celle qui est forte au combat, mais qui ne peut manger que de la viande, plus dure à trouver que les fruits et légumes. Celui avec une grosse jauge de faim, mais une santé mentale fragile. Et plein d’autres. Il doit exister une vingtaine de personnages à l’heure actuelle, déblocables en menant différentes actions en jeu. La pluralité des personnages et de leurs particularités permet vraiment de diversifier ses parties, et de les vivre sous un nouvel angle.
Malgré tout, Don’t Starve Together possède quelques défauts non-négligeables. La génération procédurale de la map est mal équilibrée et vous vous retrouverez parfois sur des cartes avec, par exemple, très peu de nourriture. Bon courage pour survivre. On peut aussi parler du lancement des parties qui est fastidieux, et des temps de chargements abominables. Mais le plus gros problème avec Don’t Starve Together reste pour moi le déclin progressif du fun. À partir du moment où l’on connaît ce qui nous attend, que l’on sait comment s’y préparer et que nos parties sont planifiées à la perfection, on commence doucement à s’ennuyer. On ne retrouvera jamais l’émerveillement face à la découverte de ce monde, ni les grands moments de panique que ses dangers peuvent nous causer. Recommencer les parties depuis le début devient fastidieux, d’autant qu’elles sont très longues. De plus, comme dit plus haut, cette version multijoueur n’a pas de scénario. L’unique but est de survivre le plus longtemps possible. Il y a donc un moment où l’on commence à tourner en rond. Enfin, il n’y a pas de réelles interactions pensées entre les joueurs, ce qui est dommage pour un jeu multi.
Can you geek it ?
Yes you can !
En conclusion, Don’t Starve Together est un jeu de survie surprenant, magique, et très fun pour qui aime le challenge. On va passer des dizaines d’heures à se casser les dents dessus avec plaisir. Même si le multi aurait pu être mieux pensé, c’est une aventure vraiment cool à partager avec un pote. Plus gros bémol : l’expérience qui peine à se renouveler quand on commence à maîtriser le jeu. Mais, je vous rassure, j’ai largement eu le temps de m’amuser avant d’éprouver ce sentiment.
Le par JuanPatatos